Souvenirs (plus trop) ténébreux // part.3 [SOLO]

La fin d'un commencement...?
... Ou le commence d'une fin...?

Ceci est la dernière partie. Il me permettra de me créer un groupe de quatre personnages qui sont décris dans le texte. Viladra a dix-sept ans, désormais.


Galopant dans l’eau boueuse, l’odeur putride était insupportable mais nous rions comme des enfants. Faisant la course à travers les marécages, j’étais en tête suivie de peu par Sin qui prenait très à cœur cette simple joute amicale… Lorsque j’atteins la souche d’arbre pourrie avant lui, je vis un air de contrariété sur son visage et si je m’abstins de tout commentaire, ce ne fut pas le cas de Jill qui s’empressa de le charrier. Malgré ce petit bémol, nous étions tous devenus très soudés depuis le moi que nous venions de passer ensemble en pleine nature. Vivant une relation plutôt ambigüe avec Akiro, c'est-à-dire que nous nous tapions autant que nous nous embrassions, Jill et moi étions devenues si proches que je la considérais désormais comme ma sœur. Kuro, le frère d’Akiro comme je m’étais doutée, était quelqu’un de discret mais pas spécialement désagréable. Chacun d’eux avait leur spécialisation… Jill était une combattante rapide et précise qui maniait les coutelas avec brio. Donnant du fil à retordre à beaucoup de combattants, elle se mouvait comme un serpent et bien malin était celui qui arriverait à prédire ses intentions lors d’un combat… Raito, le plus sensible de tous, était un pisteur hors paire qui pouvait se repérer sur terre comme sur mer. Chantant aux étoiles, connaissant les secrets de la médecine et parlant aux animaux, ces activités plutôt délicates ne lui enlevaient en rien de sa virilité et je savais mon amie secrètement éprise de lui. Un couple aussi différent que la nuit et le jour… Mais tout aussi complémentaire.
Venait ensuite Kuro. Sombre mais follement charismatique, il était un tireur à l’arc et un lanceur d’armes de jet très compétent et il ratait rarement sa cible. Possédant la capacité naturelle de se faire rapidement oublier, il n’était pas difficile pour lui d’agir par surprise au moment où on oubliait sa présence… Puis en dernier, il y avait Sin. Renfermé, qui ne souriait pas souvent, il restait quand même quelqu’un de très sensible et sa principale compétence était de manier une fine épée ainsi qu’un bouclier qui lui servant autant de défense que d’attaque. Etant plutôt polyvalente bien qu’ils me battaient tous chacun dans leur domaine, je m’étais vite fait ma place et nous avions pu découvrir des tas de choses sans incident. Merveilleux…

Nous arriverons dans moins d’une heure de trot ! Mais comme la nuit va tomber, on devrait peut-être dormir ici. Plus loin ça va être pire que là où nous sommes…

Tant que tu seras avec nous, rien ne pourra être plus pire, Akiro…Répliquai-je, en lui souriant.

Les autres éclatant de rire, nous nous assîmes tous sur l’endroit le moins recouvert de musc afin de casser la croûte. Après avoir tout défini à l’avance, nous rangeâmes cartes et compas de précision puis nous calions du mieux que l’on pu contre le dos de nos montures. Fermant peu à peu les yeux tandis que Sin prenait le premier tour de garde.
Je vous explique notre plan pendant que les gens dorment (moi y compris mais bon, comme c’est un flash back je peux me le permettre…). Nous étions partis d’un petit village pouilleux il y avait à peine deux jours et nous comptions gagner le centre des marécages où un groupe de mercenaires y avait installé leur camp. Nous ayant défié peu avant, ils s’étaient enfuis comme des lâches et résultat, on avait commencé à les traquer discrètement afin de tous les tuer. Oui, nous étions jeunes et joyeux, certes, mais nous ne pouvions pas laisser notre honneur entaché à cause de ridicules imbéciles qui se prenaient pour des combattants…

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Silencieux comme des ombres, on voyait la fumée de leur feu s’élever en serpentin dans les airs. Tous assis autour de celui-ci, ils étaient une petite dizaine et ne se doutaient pas de notre présence. L’un d’entre eux se levant régulièrement pour faire le tour du clan, nous le sentions presque passer lorsqu’il nous effleurait en frôlant note buisson. Quand le soleil se cacha derrière les montagnes de l’ouest, nous nous glissâmes comme des ombres jusqu’à eux et lorsque nous fumes à trois mètres, Kuro resta un peu en arrière et prépara une flèche. Raito, celui qui savait moins se battre restait avec Jill et nous avancions un peu plus avec Sin et Akiro. En égorgeant chacun un, celui de mon amant, pardon ami, fut plus ennuyeux car il laissa échapper un glapissement aigu qui s’éteignit dans un gargouillement assez fort pour réveiller les sept autres…
Bondissant sur leur pied, nous en tuâmes un dernier avant qu’ils ne se saisissent de leurs armes puis l’affrontement commença… Trop rapide pour que Kuro puisse utiliser son arme, il devait manier du poignard et Sin restait près de lui pour le protéger puisqu’il n’était pas dans son domaine le plus évolué. Jill veillant aussi sur Raito, seuls Akiro et moi-même arrivions à nous gérer tout seul sans que nous devions nous protéger mutuellement. Etant légèrement désavantagés, seule notre ténacité nous permis de nous en sortir et il n’en resta bientôt plus qu’un… Le prenant toute seule, nous nous rapprochions petit à petit de la falaise et je sentais que ses gestes faiblissaient tandis que maniais mes deux épées avec vitesse et précision.

Evite de tomber, ma belle ! Commenta Akira d’un ton railleur.

Ne… Commence pas… à… M’exaspérer !Répondis-je en évitant un coup d’épée qui m’aurait tranché en deux.

L’ayant vu se ramasser prêt à bondir si j’étais en difficulté, j’esquissai un mince sourire et lui envoyai un regard tendre qui le surprit. Je n’étais pas très expressive au niveau des sentiments amoureux, normal qu’il ne s’y attende pas…
Tout semblait être gagné d’avance… Mais comme si la vie ne pouvait pas rester belle plus de quelques mois, l’irrémédiable se produisit. Lui assenant un coup de talon qui le fit basculer dans le vide, je me retournai satisfaite puis poussai un cri de surprise lorsqu’une main attrapa ma cheville, me tirant d’un coup sec en arrière. Me sentant glisser vers ce que je savais être vingt mètres de haut avec un canyon boueux qui coulait en bas, j’adressai des prières silencieuses à tous les dieux existants en ce monde…

Tu restes là, toi !

Akiro ayant tendu la main vers moi, il attrapa mon bras et me tira en arrière. Emporté par son élan, mes yeux s’écarquillèrent de terreur quand je le vis effleurer mon visage, basculant dans le vide comme un sacrifice ultime… Je ne sus combien de temps dura mon hurlement lorsque je vis son corps heurter la surface de l’eau pour ne plus remonter. Je ne sentis pas non plus les mains qui se posèrent sur mes épaules, les bras de jill qui m’entourèrent, pas plus que je ne sentis les larmes de mes compagnons de mêler aux miennes… Mon monde était vide, désormais. Plus rien ne m’intéressait

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Les flammes s’élevaient bien haut dans le ciel et la nuit sans étoile semblait terne comme si elle était triste d’assister elle aussi à ces funérailles… Tous assis autour du bucher, nous n’étions plus que quatre et notre leader était parti en même temps qu’un morceau de nos cœurs. Les larmes ayant désormais cessées de couler, il ne nous restait plus qu’à tourner la page… Lorsqu’il ne resta plus que quelques cendres, je serrai la fine chaine à laquelle pendait une petite pierre noire et brillante. Dernier souvenir de toi, Akiro… Ne crains rien, je ne t’oublierai pas.
Passant le bijou autour de mon cou, je fis signe à mes compagnons de me suivre et nous montâmes chacun sur nos montures. Il était temps de terminer nos explorations… C’est ce qu’il aurait souhaité, après tout.