Le début d'une nouvelle vie [I] [Amaryllis]

Ils étaient en mer depuis quelques temps maintenant, si Raito n'était pas encore un pirate confirmé et qu'il n'avait pas fait son baptême du feu, bien des choses avaient changé, notamment son mental. Il n'était plus celui qu'il était il n'y a pas si longtemps, c'est d'ailleurs ce jour qui marquait le début du changement. Levé avant l'aube, bien avant, il ne portait plus son habituelle armure ni ses épées. S'ils gardait en revanche le saphir que lui avait donne son père, tout le reste était dans un sac. Il sortait alors sur le pont, se dirigeant vers la proue, les autres pirates le regardaient étrangement.

Ce n'est pas comme s'il n'était qu'un inconnu, souriant légèrement, il jetait alors l'armure à l'eau. Il n'en voulait plus et n'en avait plus besoin. Il commençait alors ses tâche quotidiennes sur la proue et la poupe du bateau, surtout du nettoyage en fait, parfois il apprenait aussi deux trois petite choses pour combattre des ennemi en armure à quelques pirates... Il se sentait bien sur navire, puis... Il y avait Elle. D'ailleurs, c'est à Amaryllis qu'il partit toucher deux mots, constatant qu'elle ne semblait pas trop occupée. Lui tendant le saphir que son père lui avait donné il dit alors:

" Prends le, il devrait rapporter pas mal d'argent et ne pense pas que je te le donne car je suis redevable, vaut mieux qu'il serve plutôt qu'il finisse à la mer non ?" Il fit un sourire en coin " Tu peux aussi le garder, jolie capitaine"

Se dépêchant de retourner sur le pont avant de subir la fureur de sa capitaine, Raito constatait qu'on voyait au loin un navire, visiblement, il n'était pas pirate, ni même marchand, intéressant. Le plus étrange était qu'il se dirigeait par là... Il allait donc vers An'har ? Rai qui était interpelé finit par demander à l'un des pirates qu'est-ce que pouvait bien être cet étrange navire

" Ca ? Bah c'est sur'ment un navire d'la marine, un transporteur"

" On l'attaque pas ?"

" J'sais pas, faut d'mander au cap'taine"

Arquant un sourcil et très intéressé par l'idée d'attaquer une telle frégate, Raito repartie voir sa furie préfère qui était toujours dans ses quartiers, prenant toujours soin de ne pas frapper à la porte. Non pas qu'il espérait la voir dans quelconque situation, juste avait-il prit l'habitude d'aimer l'énerver. C'était si facile dans un certain sens, puis ça lui faisait oublier ce qu'il avait laissé derrière lui. Regardant la capitaine droit dans les yeux il dit alors:

" Les frégates marchandes de la marine de An'har... Que penses-tu de ça ? Un cible qui t'intéresse ?"

Le regard plein de malice posé sur celui intransigeant de sa capitaine, il attendait de voir s'il allait oui ou non passer son baptême du feu, force était de constater que son regard ne déviait pas et qu'il ne clignait pas des yeux... Résolu et attentif... Tel état son état d'esprit à l'heure actuelle.

Amaryllis s'était retirée dans sa cabine, posée sur une chaise face à un grand miroir, elle réfléchissait aux derniers événements. Cela devait bien faire une semaine que Raito avait rejoint son équipage et il semblait déjà avoir changé du tout au tout. De une l'ancien paladin avait littéralement changé d'apparence, bien plus agréable que la précédente trouvait-elle d'ailleurs, et son caractère semblait s'être raffermit, il semblait plus sûr de lui, ou bien peut être juste moins coincé qu'avant ? Son équipage l'avait adopté et paraissait même l'apprécier, qui avait enchantée la capitaine. Elle lui avait laissé un temps adaptation, certes il avait bien travaillé sur le navire mais elle ne l'avait toujours pas exposé aux réelles occupations des pirates.

La capitaine s'observa un moment elle-même dans le miroir, songeuse puis celui qui venait d’accaparer ses pensées s'invita sans avertir de sa présence. A vrai dire Amaryllis n'eut ni le temps de comprendre, de réagir ou de répondre, il lui avait donné une pierre et s'était aussitôt éclipsé. Elle observa le saphir posé au creux de sa main, certes il devait valoir une bonne fortune mais il avait visiblement eu une quelconque valeur sentimentale et elle se résigna donc à l'utiliser à des fins financiers. Elle toucha instinctivement sa broche du bout des doigts, si cette pierre avait autant comptée que le bijou qu'elle accrochait à son cou, il était définitivement hors de question de le jeter. Elle rangea donc la pierre dans le tiroir de son meuble et le ferma à double tours. Une fois encore sa nouvelle recrue surgit dans sa cabine, lieu qui n'était pas censé être traversé avec tant de familiarité ! Amaryllis se leva d'un bond et lui fit froidement face.

« Ça suffit Raito ! Je ne vais tout de même pas m'enfermer à clé pour éviter que des idiots de ta trempe face le même genre de choses ! Ici c'est MON endroit, MON espace qui m'est réservé et où je me retire pour être TRANQUILLE, tu comprends ? Et arrête un peu de me regarder comme ça, tu finiras par le regretter blondinet. Allez, dégage de là. »

Elle le poussa hors de son précieux sanctuaire, le regarda en fronçant les sourcils et ferma à clé avec autant de tours qu'il était possible d'en faire. La capitaine s'arma de son chapeau qu'elle enfonça correctement sur sa tête, attrapa fermement le bras de son compagnon et rejoignit le pont puis la barre où elle trônait habituellement seule. La pirate frappa alors dans ses mains pour attirer l'attention sur elle et l'homme qu'elle avait traîné jusqu'ici.

« Les flemmards, les vacances sont terminées! La larve à mes côtés a demandé elle-même à ce que nous attaquions le navire marchand qui nous fait face. Le temps que ce mollusque nous montre de quoi il est capable est arrivé ! S'il se ridiculise je vous autorise à vous foutre de lui jusqu'à sa mort et s'il n'est pas si mauvais eh bien... il pourra officiellement rester parmi nous et vous vous moquerez de lui un autre jour ! Bref, cap sur ces marchands qui vont pleurer de nous avoir croisé !»

Amaryllis claqua des doigts et tout le monde s'éparpilla jusqu'à son poste. Des planches, des cordes, des caisses, toute sorte de choses furent posées sur le pont dans un grand fracas. Face aux simples marchands ils étaient habitués à jouer les sauvages et s'amusaient à se jeter sur le navire ennemis comme des vrais barbares en semant la panique. Tout les matelots semblaient contents et s'affairaient sans broncher à leurs occupations.

« On les colle, on leur saute dessus, on les tue, on prend tout ce qui a de la valeur et on s'en va. C'est extrêmement simple en théorie, pas vraiment plus compliqué en pratique sauf s'il y a des gens qui savent se battre à bord. Il y en a tout le temps, je sais, mais leur niveau varie selon l'importance de la cargaison qu'ils transportent. Alors des fois on se tape des minables et des fois des vraies machines à tuer !»

Dit-elle à Raito qu'elle avait obligé à resté à ses côtés pour qu'il observe les préparations. Elle passa ensuite un doigt sur sa cicatrice comme avant chaque combat et étira ses lèvres en un sourire carnassier. Le navire approchait, ils allaient enfin pouvoir se défouler un peu. Chacun son truc pour s'amuser, pour les pirates c'était les pillages et les batailles.

Effectivement l'initiation n'avait pas été des plus mortelles. D'ailleurs cela avait été d'une telle facilité que la capitaine n'avait pas pris la peine d'accompagner ses matelots. Néanmoins elle avait observé de son regard intransigeant les performances de sa nouvelle recrue. Elle avait poussé un soupir alors qu'il s'était jeté le premier sur le navire ennemi, décidément il aimait se faire remarquer. Heureusement il s'en était bien sorti et n'avait eu aucun mal à contenir ses adversaires le temps que le reste de l'équipage arrive. Les marchandises n'étaient pas des plus importantes certes, le bateau transportait de la nourriture qu'il devait certainement important d'un pays à un autre. Au moins ses hommes seraient contents de manger quelque chose de nouveau, la soupe de poisson pendant des semaines commençait à écœurer tout le monde.

Amaryllis avait répondu affirmatif à ce qu'il reste avec eux mais n'eut pas le temps de répondre à sa provocation, cet homme était une vraie girouette ! Elle plissa les yeux lorsqu'il sembla perdre son éternel sourire qu'il reprit aussitôt alors qu'il la regardait de nouveau. Elle était peut être une femme dure et sévère mais se souciait par dessus tout du moral de ses hommes et ainsi elle ne tarda pas à rejoindre Raito. Elle s'accouda au bord du navire et plongea ses yeux légèrement plus clairs que la mer sur les flots. Elle prit la parole d'une voix calme et réfléchie, l'air songeuse :

« L'impossible n'existe pas si l'on décide de le dépasser. Quant à l'invisible, pourquoi s'attarder sur des choses qui nous sont éphémères ? »

Sa conversation philosophique ne dura pas longtemps, elle fit volte face, donna une petite tape à l'arrière du crane de Raito et s'adossa à ce qui était précédemment son accoudoir, retrouvant tout aussi vite son éternel sourire conquérant.

« Si tu crois m’impressionner avec de si simples galipettes tu n'es prêt de me rendre admirative bon à rien ! C'était facile, trop facile, mais au moins je sais que tu n'es pas si faible que tu en as l'air ! J'ai des projets bien plus grands Raito, des projets qui pourraient sûrement paraître impossibles mais ma détermination brisera tous les obstacles qui essayeraient de me barrer la route. Je veux retrouver la fierté de ma famille, et faire même plus, je veux construire la plus grande flotte qui n'ait jamais existé et défier le présent chef de la Voile d'Onyx. Les événements à venir seront bien plus turbulents et dangereux, ne crois pas que ce sera toujours aussi simple. Bien vite tu apercevras la cruelle loi de notre monde. »

Amaryllis posa soudain une main sur l'épaule de son interlocuteur et le fixa d'un air grave et sérieux.

« Mais tu n'es pas obligé d'y participer, je vois bien que quelque chose te manque, et peut être que nous ne pourrons jamais combler ce vide, aussi infime soit-il. Si ton âme te dicte d'aller ailleurs fais-le, même si tout le monde semble t'avoir adopté et même apprécier, tu dois suivre ta voie, pas la nôtre si elle ne te convient pas. Personne ne t'en voudra mais ici ce n'est pas une colonie, si tu décides de partir, ne compte pas revenir. Écoute simplement ton cœur... »

Elle posa une main sur sa joue et la laissa glisser avant de s'éloigner et de le laisser seul à ses réflexions.

Effectivement tout l'équipage aimait leur nouvelle recrue, sauf un homme. Un homme qui venait de jeter à un regard noir à Raito. C'était Krellion, le second d'Amaryllis qui malgré lui sentait une jalousie monter en lui depuis l'arrivée de ce paladin. En ce moment sa capitaine passait plus de temps avec ce blond qu'avec lui qui était pourtant son plus fidèle homme. Elle était amicale et douce avec lui et Krellion ne le supportait pas. Il était pourtant calme d'habitude, c'était d'ailleurs lui qui devait toujours calmer les ardeurs meurtrières de cheftaine, mais à présent il n'arrivait plus à garder son rôle d'homme impassible. Il observa avec tristesse sa précieuse commandante retourner à la barre puis fixa avec mépris Raito, il croisa les bras et jura de faire tout pour que cet homme quitte le navire et ainsi reprendre la place qui lui était due auprès d'Amaryllis.

Ainsi, regardant ce qui se passait sur le pont, il se lançait dans une discutions avec sa capitaine, bien que ce n'était pas vraiment le genre de conversation que l'on pouvait qualifier de très joyeuse, il fallait bien finir par poser les points sur les "i" Ainsi elle lui expliquait qu'elle voulait faire des choses bien plus grandes, plus ambitieuses. Raito était impressionné par ce discours. La plus grande flotte qui n'avait jamais existait ? Ça sonnait plutôt bien à ses oreilles, bien que la suite de la conversation ne lui plaisait pas plus que ça, en effet elle avait remarqué cette part de vide en Raito, mais ce n'était pas qu'il ne se plaisait pas ici, avec le reste de l'équipage, mais plus qu'un partie de lui était morte en même temps que son serment de paladin, un morceau de son cœur meurtrie.

Surement espérait-il qu'une douce lumière vienne de nouveau bercer cette part noire de lui, une sorte de doux rêve idyllique. Une envie utopique et puéril, mais pourtant, qu'y pouvait-il... Elle le laissait alors à sa réflexion, que voulait-il vraiment ? Que lui disait son cœur ? Regardant de ses yeux d'argent la mer azurée... Il faisait le point, c'est alors qu'il se mit à parler de nouveau à la capitaine tant qu'elle était assez prêt pour entendre.

" Et si..." Il levait la tête vers le ciel " Et si je te dis que mon cœur me dit de rester ici, avec toi, non avec vous tous, pour voir ce rêve que tu entrevois se réaliser ? Je veux un jour voir une grande flotte naviguer en ton nom. Je ne suis peut-être pas pirate dans l'âme, un peu naïf et un simple pion de l'échiquier mais..." Il se retournait alors tout en faisant un sourire radieux, chose rare chez lui " Mais ce rêve, je veux t'aider à l'accomplir, c'est ce que je souhaite, peu importe la difficulté, je combattrai à bras le corps." Il se retournait à nouveau et dit finalement doucement " Ce navire... est une nouvelle famille pour moi... Merci Amaryllis"

Gardant alors son sourire, il partie vers le pont, hurlant aux pirates de lui laisser de quoi boire aussi ! Ils avaient commencé la fête sans lui. Il se demandait d'ailleurs si ce rituel se faisait après chaque navire abordé avec succès... Se mêlant à la bande et tentant maladroitement d'apprendre les chants, il se sentait libéré, cette discussion s'était montré des plus intéressantes. Il savait à présent, que même s'il quittait ce navire, son allégeance n'irait qu'à cette femme.

S'il devait un jour avoir son propre navire, il viendrait alimenter la flotte de Amaryllis, c'était à présent ce qu'il s'était fixé. Souriant, il se disait qu'il fallait bien commencer quelque part. Soudain, un frisson dans le dos lui ordonnait de regarder derrière lui. Un homme semblait le fixer avec une haine O combien visible. C'était le second de la commandante qui était bien éclipsé ses temps-ci, en voulait-il à Raito ?

* Bah... je verrai en temps voulu ce qui va se passer... Son regard me donne froid dans le dos, je me sens comme un bout de viande dans la cage d'un tigre* Pensait-il alors.

C'est à ce moment qu'il sentit comme une sorte de pointe au cœur... Percé de douleur, il se dirigeait en titubant vers l'intérieur du navire. Bien heureusement la plupart des gens pensaient qu'il était simplement ivre. Chance pour lui, un fois à l'intérieur, sans savoir s'il était suivit ou non il tombait sur les genoux, crachant une gerbe de sang tout en se tenant fermement le côté gauche du thorax avec son bras droit. Haletant et suant, il ne savait pas d'où venait cette maladie, ca arrivait parfois avant, mais c'était de plus en plus fréquent depuis les événement de Yor'han. Mais il voulait cacher ça à l'équipage, mais le sentiment d'un présence derrière lui présageait que finalement il s'était fait prendre sur le fait, ce relevant tant bien que mal, il se tournait, se demandant si derrière lui se trouvait un matelot ou bien....

Ou bien le second du navire, Krellion, qui n'avait pas cru un seul instant que l'on puisse être ivre avec si peu d'alcool. Il avait suivit celui qu'il considérait toujours comme un paladin qui n'hésiterait pas à les trahir lorsqu'il le souhaiterait et ne pu retenir un sourire lorsqu'il le vit cracher du sang. Planté dans son dos, il aurait tellement aimé en finir avec lui à cet instant précis mais après tout si la maladie pouvait l'emporter, c'était tout aussi bien. Il avait alors rompu le silence en parlant de sa voix dédaigneuse et ô combien glaciale :

« Si tu es malade quitte ce navire. Tu pourrais transmettre ton mal peut être contagieux et lancer une épidémie, tu ne voudrais tout de même pas tuer tout l'équipage... ou du moins pas de cette façon. »

Alors qu'il se tenait à l'endroit où il avait mal, Krellion profita de ce moment de faiblesse pour poser son pied sur sa tête et le faire basculer en arrière.

« Tu as peut être réussit à berner tout le monde mais je suis là, moi. Je sais que tu prévois de nous trahir après nous avoir utilisé mais je garde un œil sur toi, alors ne crois pas achever tes plans avec tant de facilité, Verseel »

Il croisa les bras et observa de son regard noir l'homme qu'il avait mis à terre si facilement à cause de son état de faiblesse.

« Tu fais moins le fier dans ta posture pitoyable n'est-ce pas ? Crève ailleurs, pourriture de paladin. »

Finit-il par dire avant de faire volte face et de le laisser seul pour retourner avec ses camarades qui festoyaient innocemment.

Amaryllis était quant à elle toujours fixée à son poste, fidèle à son gouvernail qu'elle guidait en de douces caresses. Elle tentait de rejoindre l'endroit où elle avait laissé l'équipage de Rufus dans la réflexion. Il était temps d'y retourner et de savoir leur décision. Si celle-ci était négative, il faudrait alors à la pirate trouver le moyen de les convaincre, que le force soit employée ou non. Elle avait besoin d'hommes, de bien plus d'hommes afin de construire une flotte digne de ce nom et les matelots qu'elle avait quitté aux tropiques étaient d'une importance cruciale. Ils étaient assez nombreux pour diriger un navire et si elle les ralliait à sa cause, cela signifierait la première partie de flotte en construction. La jeune femme poussa un soupir, craignant des complications, elle se doutait bien qu'ils n'accepteraient pas si facilement et un nouvel échange ponctué de violence s'annonçait.

La capitaine mit le cap tout droit vers les tropiques où elle était obligée de stagner ces temps-ci puis observa longuement son équipage festoyer. Était-elle peu à peu en train de les envoyer tout droit vers la mort ? Plongée dans ses pensées moroses, elle n'avait pas remarqué l'absence de Raito ni la soudaine apparition de Krellion. Et alors que des doutes commençaient à l'envahir, elle passa une main dans ses cheveux et apprécia un instant la légère bise qui soufflait sur son visage pour tenter de se calmer. Son regard songeur se posa finalement sur les flots, souverains des marins. Son projet était depuis toujours d'imposer son nom dans l'histoire, ce n'était pas le moment de reculer. Et puis ses hommes étaient braves et forts, nul doute qu'ils ne survivent, nul doute... Advienne que pourra.

Décidément, ils en faisaient du bruit pour une bouteille de rhum. Alors qu'elle avait essayé de réfléchir au calme quant aux événements à venir, une dispute sembla éclater.. Amaryllis n'y avait pas prêté attention, persuadée que ce n'était qu'une simple querelle sans intérêt, elle avait gardé ses yeux rivés sur la mer en essayant de se concentrer à nouveau. Malheureusement le brouhaha continu de ses hommes commençait sérieusement à l'agacer. Amaryllis poussa un soupir et se décida finalement à voir de quoi il en retournait. La première chose qu'elle aperçut fût le visage en sang de Krellion, la capitaine fronça les sourcils et entama un sermon.

« Qu'est-ce que... »

La pirate se figea sur place tandis que ses yeux s'écarquillèrent. Quelle était cette affreuse chose qui se tenait aux côtés de Raito ? Il lui parlait, ses lèvres étaient en mouvement mais Amaryllis n'entendait que la moitié de ce qu'il disait, obnubilée par l'immonde créature. Il s'excusait, de quoi s'excusait-il ? Une nuisance, un monstre ? Qu'est-ce qu'il racontait là, qu'est-ce que son second venait faire là-dedans ? Pourquoi s'étaient-ils battu ? Son cerveau n'arrivait plus à suivre et lorsque Raito osa lui tourner le dos elle sentit monter en elle une rage folle et se mit à hurler :

« J'ordonne qu'on m'explique, tout de suite ! »

Elle rejoignit le fuyard d'un pas rapide, l'attrapa par le col et le jeta en arrière, sur le pont, sans aucune délicatesse comme on attrape en voleur qui s'échappe. Elle fit signe à Krellion de descendre à son tour, d'un regard tel qu'il comprit qu'aucune contestation n'était possible. Amaryllis frottait ses tempes avec fureur, un affreux mal de crâne l'avait soudainement envahie et elle peinait à garder son calme. Elle avait beau se mettre souvent en colère, cette fois-ci elle était folle de rage et personne ne l'avait vu dans un tel état jusqu'à présent. Un silence de mort s'était installé alors qu'elle criait à nouveau :

« Pourquoi ? Pourquoi vous me faites ça ? Pourquoi vous faites ça maintenant ? Le début de mon rêve se concrétise peu à peu, nous sommes à deux doigts d'accueillir un navire de plus et de créer une flotte plus important et vous... Pourquoi vous gâchez tout comme ça ? Vous voulez à tout prix me rendre malheureuse ? Toi Krellion pourquoi diable n'arrives-tu pas à accepter un nouveau compagnon et toi Raito, toi... pourquoi tu m'abandonnes à un moment aussi important ? »

Au fil de ses paroles, sa voix baissait et sa dernière fût presque murmurée. Amaryllis s'était mise en boule à même le sol, elle se frottait les yeux, son équipage croyait qu'elle pleurait mais ses yeux la brûlaient, quelque chose semblait vouloir jaillir et en plus de sa migraine elle s'était accroupit, incapable de tenir debout. La capitaine releva finalement la tête et hurla une ultime fois :

« Répondez ! »

Ses yeux azurés virèrent au rouge sanglant et son regard plus haineux que jamais dévisagea froidement les deux trouble-fête. Soudain, une des cargaisons qui venaient d'être pillées au navire marchand s'enflamma. Le brasier ne tarda pas à se propager aux autres caisses et si cela continuait sous tout le navire qui allait être incendié avant de finir en cendres. Amaryllis semblait en état de choc et n'avait même pas donné l'ordre d'éteindre les flammes. Elle venait de comprendre que c'était elle qui était la cause de ce feu, elle l'avait senti sortir de ses yeux, cette chose étrange qu'on appelle la magie. Comment était-ce possible ? Elle n'avait jamais cru à la magie jusqu'à son escapade au mont Yor'han mais elle, c'était une pirate, pas une mage, c'était tout bonnement impossible.

Elle observait avec effroi l'incendie qui se propageait, elle se sentait impuissante et n'avait pas le force d'émettre un quelconque commandement. Est-ce que ses rêves prenaient fin ici, à cause d'une magie dont elle ne voulait pas ? Si son navire brûlait, elle n'aurait jamais la force de tout recommencer... Aussi, épuisée autant nerveusement que physiquement, Amaryllis s'écroula à même le sol alors que l'incendie se propageait dangereusement.

Finalement il n'eut pas le temps de partir, il fut projeté en arrière, visiblement il allait devoir donner des explications, même s'il n'en avait pas ce qui était pour le coup assez problématique dans un certain sens. La pirate n'avait jamais été aussi folle de rage, Raito le savait, ce n'était absolument pas le moment de dire ou faire quoi que ce soit s'il voulait garder sa tête. Restant immobile, il ne savait quoi dire face à la rage noire de sa capitaine. Elle voulait des réponses, qu'aucun des deux hommes ne pouvaient lui donner, c'est alors que contre toute attente, ses yeux s'illuminèrent d'une lueur aussi flamboyante qu'un couchant, problème fut que c'était à prendre au pied de la lettre. Des caisses se mirent alors à bruler, le feu se propageant, les pirates attendaient un ordre mais ce dernier ne venait pas, elle semblait avoir abandonné... Mais Raito... Il avait promis de voir ce rêve se réaliser, il n'allait pas le laisser s'écrouler ici. Serrant les dent, il se disait que c'était le bon moment de montrer sa reconnaissance.

" Je vais virer ces caisses ! Éteignez ce fichu incendie ! Ne laissez pas ce navire bruler avec vos rêves ! Fait chier ! Raaah... Mateus ! Aides-moi !"

L'épaule en avant, il fonçait avec fureur contre les caisses avec le soutient de son invocation, ensemble ils purent éjecter la cargaison en détruisant cependant un bout de la rembarre du navire pendant que les pirates s'occupaient de calmer l'incendie. Mateus disparaissait et Raito fermait doucement les yeux, le contre coup d'un tel effort tout en ayant cette sorte de crise... Il n'arrivait plus à rester éveiller, il coulait en même temps que les cargaisons. Sous l'eau, le blond souriant, la seule chose qui s'élevait encore devant lui, était la lumière qui se reflétait dans l'eau, une tâche blanchâtre qui s'éloignait de plus en plus.

* Hey... C'est si loin... je vais avoir... du mal à revenir... capitaine...*
Pensait-il laissant l'eau de mer s'infiltrer en lui, ne pouvant plus tenir.

Ce fut alors le trou noir, plus rien, seulement des ténèbres, encore. Du moins, ce fut un temps, des voix se firent entendre, il ne comprenait pas, il voulait que ce bruit horrible cesse. Puis la voix se fit plus forte, doucement, plus perceptible. Il entendait son nom. Qui l'appelait ? Qui ne voulait pas le laisser se reposer... Doucement il revint à lui, visiblement, il était allongé sur le pont d'un navire... Celui de sa capitaine, ouvrant faiblement les yeux, il se demandait si tout ceci n'était qu'un rêve... Mais la douleur et l'état d'un morceau du pont lui faisait comprendre le contraire... Quelqu'un avait eut la folie de repêcher le pugiliste ? Ils voulaient surement l'exécuter eux même. La vision encore floue, il pu cependant repérer la capitaine des pirates non loin, elle semblait de nouveau debout, bien que sa mine n'était pas des plus réjouit. Rai dit alors faiblement:

" Yo... Ama... Tu devrais..." Il se mit à tousser " Manger plus de sucre... pour pas tomber raide comme ça... ah ahah"

Même dans son état il continuait à trouver cette forme de satisfaction à taquiner sa supérieure. Mais il savait qu'il serait surement punie, c'était presque une mutinerie qu'il avait commit. Frapper le second aussi violemment, invoquer sa créature sur le pont, trahis celle qui l'avait sauvé. Décidément il était un pauvre homme. Souriant en coin il n'arrivait toujours pas à se redresser, il était... vide. A la merci de quiconque, il se mit à rire doucement, repensant à la situation.

" On dirait... que je suis plus attaché à ce navire qu'un bigorneau à un rocher... ahah...ah... Capitaine.... Je suis désolé... Je.. Suis stupide d'avoir agit ainsi, ma fin...aurait été une bonne punition"

Toujours allongé et la vision flouté, il ne savait pas ce qu'il s'était passé après son saut et sa perte de connaissance, il savait juste que son épaule était brulée et lui faisait un mal de chien, son torse était à moitié exposé et son corps était douloureux. Heureusement qu'il avait eut l'aide de Mateus, ou le feu l'aurait consumé entièrement... Soupirant, il restait immobile, les yeux fermés...

Tout s'était passé bien vite sous le regard impuissant de la capitaine. Ses matelots s'étaient donné corps et âme pour sauver le navire pendant qu'elle était jonchée sur le sol, incapable d'un quelconque mouvement. Elle s'en voudrait sûrement toute sa vie et se jura qu'une telle chose n'arriverait plus jusqu'à ce que la mort l'empêche d’exécuter le moindre geste. Ses yeux avaient repris leur couleur azurée habituelle et Krellion lui avait raconter brièvement ce qu'il s'était passé lorsque son regard avait changé. Amaryllis se rongeait les ongles, incertaine de cette chose magique qui l'avait traversée quelques instant plus tôt. Son regard se posa finalement sur Raito qui était à son tour allongé sur le sol, les vêtements déchirés et l'air étonné d'avoir été repêché. Alors qu'il avait fermé les yeux, elle s'approcha, les traits durcis et posa son pied sur le torse de l'homme, indifférente quant à la douleur qu'il pouvait ressentir par cette action.

« Combien de fois vais-je devoir te sauver avant que tu ne daignes comprendre que ta vie m'importe, à moi comme à nous tous.  Ne réponds rien, je sens que je vais enfoncer le talon de ma botte un peu trop profond si tu recommences avec tes discours stupides. »

La pirate lui tourna le dos et le laissa seul à terre tel un cadavre pourrissant. Elle avait interdit à quiconque de s'occuper de lui, bien décidé à le laisser se meurtrir dans sa douleur jusqu'à ce qu'il réfléchisse à ses actes. Elle était allé voir Krellion, et lui avait demander d'ignorer Raito puisqu'il ne semblait pas réussir à l'apprécier, bien qu'elle se promit de faire un jour régner une entente cordiale entre les deux hommes. Puis avait exigé un bref rangement vu l'état des lieux, après quoi elle annonça qu'ils ne feraient pas demi tour et continueraient leur route jusqu'au navire de Rufus, bien décidée à s’approprier son équipage. Ils répareraient l'embarcation là-bas, voilà tout. Elle daigna enfin se préoccuper du sort du pugiliste mal en point.

« Emmenez-le dans ma cabine, je vais m'occuper de lui, j'ai à lui parler. »

Son regard autoritaire fixa immédiatement Krellion, lui faisant comprendre de cette manière que s'il émettait un quelconque mécontentement elle serait intransigeante. Raito fût donc déposé sur le lit de la capitaine qui elle posa une chaise à ses côtés avant de fermer la porte. Sans dire un mot elle ôta sa veste déchirée, et sortit une pommade de son tiroir avant de s'en couvrir les doigts qu'elle passa délicatement sur le torse de l'homme.

« C'est un onguent. Ça risque de ne pas être très agréable mais ça finira par calmer tes brûlures qui disparaîtront bien vite. Ne t'habitue pas ce traitement de ma part, c'est la dernière fois que je joue aux infirmières avec toi. J'aimerais simplement savoir.... »

Tandis que sa main glissait avec précaution sur ses blessures pour les enduire de son produit bienfaiteur, Amaryllis plissa les yeux et sa voix se fit plus grave.

« Quelle était cette chose à tes côtés ? A t-elle un lien avec ce qui m'est arrivé et qui a faillit causer notre perte à tous ? La magie a réellement réapparue ? Si tu sais quelque chose dis-le moi, je ne comprends pas comment une simple pirate comme moi puisse être dotée de pouvoir. Je ne suis pas un mage moi, je n'en ai jamais eu dans ma famille à ce que je sache. Redresse-toi. »

Amaryllis attrapa des bandelettes posées à ses côtés et s'affaira à bander le torse de Raito, l'entourant du tissu avec soin. C'était peut être une brute mais elle savait tout de même être délicate quand la situation l'exigeait, et puis elle lui devait bien ça après l'avoir laissé un bon moment sur le pont dans la douleur. Mais elle s'était surtout isolée avec lui dans l'unique but de parler de cette étrange magie dont elle ne connaissait rien et qui semblait l'avoir habitée malgré elle.

« Alors renseigne-moi, tu as été paladin, tu dois bien y connaître quelque chose. D'ailleurs tu semblais parfaitement contrôler ta chose alors que moi... J'aurais pu tuer tous mes hommes d'un simple regard. ... »

Sa mine se grisa, elle culpabilisait énormément et se trouvait presque indigne de rester une capitaine. Elle avait même proposé à ses hommes de quitter le navire à leur arrivée aux tropiques mais ceux-ci avaient refusés, pour le plus grand soulagement d'Amaryllis même si son désarroi ne s'estomperait pas avant qu'elle leur offre sa promesse de gloire.

Toujours au sol, sonné, il attendait qu'on décide de son sort, le coup de talon dont il avait eut le droit plus tôt laissait présager que ça n'allait pas être un traitement très très amical, finalement, la pirate après l'avoir laissé dans l'indifférence, dit au reste du navire de le conduire à sa cabine, que diable allait-il encore subir, il en avait surement fait assez pour le coup... Allongé sur le lit, dans un état moins second, il restait immobile, rapidement, il vit la pirate s'assoir assez près, elle lui parlait d'un onguent qu'elle allait passer sur les brulures. A peine ce dernier rentrait-il en contact avec la peau brulé qu'une vive douleur grimpait dans le corps du pugiliste.

Elle lui disait aussi que c'était la dernière fois qu'elle jouait les infirmières avec lui, ce qui était bien dommage d'ailleurs, la douleur mit de côté, ce n'était pas si désagréable. Puis la question qu'il savait inévitable finit par arriver, quelle était cette choses à ses côtés... Puis un seconde question, puis une troisième... Décidément, elle n'y allait pas de main morte sur les interrogations, mais c'était compréhensible en fait. Se redressant comme elle le lui disait, il commençait donc à répondre à ses questions.

" Cette chose c'était... Mateus, ne me demande pas de t'expliquer d'où ça vient je saurais pas te répondre... Tout ce que je sais, c'est que depuis que j'entends sa voix je suis rongé par un étrange mal, comme si je ne supportais pas sa présence... " Il fit un léger sourire en la voyant le bander doucement " Elle n'a aucun lien avec ce... que tu as fait. Elle n'agit pas sur la puissance magique alentour mais juste sur la mienne, quant à la magie... Oui elle existe, visiblement peu avant ma mission à An'har, l'ordre à apprit la recrudescence des phénomènes étranges..."

Une fois complétement bandé, il se laissait glisser posant ses deux pieds à terre et se retrouvant, assit, il remerciait sa capitaine d'un sourire avant de finalement revenir sur le sujet de la magie, elle était clairement inquiété c'était une évidence, et Rai ne voulait pas la laisser dans cet état, si elle doutait que deviendrait l'équipage... Et ce serait en partie sa faute puisqu'il était responsable de sa rage noire de plus tôt. Soupirant il finit par dire simplement.

" Il y a peu... Lorsque j'étais partie quelques jours, j'ai du combattre Mateus, si ma survie n'a tenu qu'un un fil, j'ai pu ensuite la maitriser." Il se mit à rire nerveusement " bien que je doute qu'il soit possible d'affronter un regard incendiaire...Malheureusement, je ne suis pas mage de profession moi non plus, j'aimerais tant t'aider à maitriser ce pouvoir... Mais... La théorie je ne l'ai pas..."

Il était un peu attristé de ne pas être plus utile que ça, déjà qu'il était une source d'ennuis... Si en plus il n'avait plus aucunes utilités au navire... Finalement il se relevait, titubant encore et se tenant le flanc, haletant et soupirant, il se dirigeait vers un fenêtre regardant vers l"azur infini. Il aimait ce bateau et ses occupants, mais ne supportait pas son instabilité lui-même ne savait pas ce qu'il voulait, dans un certain sens il voulait absolument voir les rêves d'Amaryllis se réaliser, mais dans un autre.. N'était-il pas trop dangereux pour rester à bord de ce navire ? Finalement se tournant, il se dirigeait vers la porte.

" Quoi qu'il en soit, tu es un grand capitaine, mais toute Homme sur terre commet une erreur, ne te blâme pas, cet événement n'est qu'une marche de plus à franchir" Il posait alors sa main sur le poignet de la porte en souriant au coin. " Si tu veux me retenir et m'embrasser c'est maintenant ahahah"

Encore il fois, il venait affuter le sabre qu'était le caractère de sa caractérielle capitaine... Mais il se sentait vivant dans ces moment là...

Amaryllis resta quant à elle assise sur sa chaise, glissant sa main sur le lit vide, songeuse. Maîtriser son pouvoir ? En avait-elle envie ? Elle aurait du se réjouir d'une nouvelle arme aux capacités non négligeables mais s'en retrouvait plus perturbée qu'autre chose ? Si elle devait parvenir à contrôler cette étrange chose, c'était uniquement pour le bien de ses proches. Raito voulu la rassurer avec des paroles pré-mâchées dans ce genre de situation puis la provoqua une nouvelle fois. Elle poussa un soupir distinct et se leva à son tour avant de poser une main sur l'épaule de l'homme.

« Si tu comptes une nouvelle fois quitter le navire parce que tu te sens indésirable alors oui, je te retiens. J'aime ta présence, et tu nous es d'une aide précieuse. Nous pourrions même nous entraîner tous les deux à notre étrange magie... Cesse donc de te renier, prends confiance en toi, accorde-moi au moins ta confiance et crois-moi lorsque je dis que nous désirons ta présence. Mais visiblement tu désires vraiment partir puisque c'est la troisième fois que tu le suggères, alors fais-le avant que nous ne te considérions tous comme un membre de la famille et que tu blesses le cœur de tout l'équipage. Alors si c'est pour une autre raison que celle que j'ai énoncé, fais-le, pars.»

Amaryllis approcha ses lèvres de son oreille et lui murmura :

« C'est la dernière fois que j'essaye de te convaincre Raito. »

La capitaine emboîta alors le pas à son compagnon, ouvrit la porte et s'éloigna sans dire un mot de plus. Elle jaugea du regard l'avancée du navire, ils n'étaient plus très loin de la destination et ne tarderaient pas à jeter l'ancre. Ses yeux observèrent avec tristesse les dégâts qu'elle avait elle-même infligé à son précieux bateau. Elle avait détruit la moitié du pont, un homme tergiversait à les quitter, un étrange pouvoir l'habitait et son second réagissait pour la première fois de manière inconsidérée. Elle se consola en se disant qu'un équipage rejoindrait peut être leur cause et que les dégâts pourraient être rapidement réparés. Amaryllis passa une main dans sa crinière et rejoignit finalement la barre avant de frapper dans ses mains pour avoir l'attention de tous.

« Nous arrivons bientôt à destination. Une fois la bas, vous partirez avec Krellion chercher de quoi réparer le navire et vous ferez le plein de vivres par la même occasion. J'irai pour ma part retourner voir l'équipage de Rufus que j'avais laissé après posé une question. Je ferai tout pour les convaincre, que ce soit par la diplomatie ou par la force. Ne vous inquiétez pas pour moi, je peux me débrouiller seule contrairement à vous ! Nous ne partirons pas d'ici tant que ce bateau n'aura pas l'air neuf et brillant comme avant ! »

Elle fit un bref geste de la main pour signaler qu'elle avait terminé sa sorte de discours. Comme elle le pensait Krellion vint lui dire qu'il voulait l'accompagner, inquiet de la laisser seule avec toute une bande de pirates qui n'étaient pas encore leurs alliés. D'une voix stricte elle avait refusée en disant qu'elle avait besoin de lui pour diriger les réparations puis lui fit comprendre qu'elle désirait rester seule. Amaryllis s'accouda une nouvelle fois sur le bord, le menton enfouie dans sa main, attendant patiemment qu'ils arrivent sur terre et que les choses sérieuses se mettent en marche.

Finalement, elle préférait se justifier, essayant de le convaincre de quitter le navire, étrange pourtant, il n'avait parler que de le retenir dans la cabine, pas dans le navire, se retenant de mourir de rire afin que ses blessures n'empire pas soudainement pour un raison inconnue, il se contentait d'écouter la pirate. S'entrainer tout les deux à la maitrise de la magie hein... Une idée aussi lumineuse que dangereuse, mais forte intéressante. Elle ajoutait doucement que c'était la dernière fois qu'elle tentait de convaincre l'homme qui répondit par un sourire. Finalement elle finissait par quitter la pièce avant lui.

Il soupirait, vraiment, elle avait le don de pouvoir le rassurer. Surement la preuve qu'elle était faite pour commander. Sortant à son tour il se dirigeait vers le pont. Il voyait tous les hommes concentrés, pour sa part il s'était adossé à une paroi du navire, écoutant ce que disait Amaryllis. Partir avec Krellion et la laisser aller seule la-bas ? C'était vraiment une bonne idée ? Arquant un sourcil, il voyait les hommes qui se préparaient à s'atteler à la tâche, certain prirent deux seconde pour chambrer Rai sur son état. Il grimpait ensuite rejoindre la capitaine, son nemesis lui gratifiait d'ailleurs un magnifique regard noir, encore jaloux visiblement, mais que dire d'autre, ça n'allait pas s'envoler comme par magie. Il se postait à côté de la pirate.

" Seule hein... je vais pas te convaincre de me laisser venir avec toi, je suppose que tu n'accepteras pas" Il poussait un soupire " Je préférerais garder un oeil sur toi, pas que je te pense faible mais tu.... non rien, laisses tomber."

Il était inquiet bien qu'il ne le montrait pas, tous les hommes et toutes les femmes avaient leurs limites, il avait peur qu'Amaryllis ne finisse par atteindre les siennes, il était comme ça, à toujours douter et voir le pire. Qui aurait cru qu'il fut autrefois paladin en le voyant à présent. Souriant légèrement se disant qu'il devait aider les matelots, il savait aussi que son état était pire que ce qu'il montrait, il tenait à peine debout, il le savait, un combat comme un effort se montrerait difficile. Même s'il y avait Mateus. Il finit par simplement dire:

" Au fait... Je parlais pas de me retenir sur le navire... Je t'ai dit, j'aime ce navire et ses passagers" La regardant droit dans les yeux il ajoutait: " Et je t'ai aussi dit que je voulais voir ton rêve se réaliser Amaryllis, même si ce rêve signifie que je doive perdre la vie pour le protéger" Il se détachait de l'endroit sur lequel il s'était fixé. " ne pense pas que je dis ça par reconnaissance, tu m'as sauvé la mise plusieurs fois c'est vrai, mais mes raisons sont toutes autres."

Il commençait à s'avancer, voyant les terres se profiler au loin, il sentait comme un poids sur son estomac, non définitivement, même s'il allait subir le même refus que le second de la pirate, il voulait l'épauler, ne serait-ce que porter un morceau de son fardeau. Faisant volt-face l'air déterminé bien plus que jamais il approchait jusqu'à l'extrême proximité, disant d'une voix grave et sure:

" Laisses moi venir avec toi, si ça dégénère, je pourrais appeler Mateus, s'il t'arrive quoi que ce soi je... AH ! J'ai pas envie que tu sois blessée ! Même si tu refuses je viendrais. Et même si tu me passe à tabac je ramperai, et si tu me ligote je libérerai. Si tu veux que je reste ici, alors tues moi !"

La regardant droit dans les yeux, il voulait lui être utile, lui montrer sa résolution, quant à ce qu'elle allait faire ou dire.. Voilà qui restait un mystère...

« Toi tu restes là, regarde dans quel état tu es, à quoi penses-tu me servir ? Il serait temps que tu comprennes que je ne suis pas une faible créature. »

Amaryllis avait dégainé sa lame dont la pointe glissa dangereusement sous le glotte de Raito. Plus un avertissement qu'une menace, elle accompagna son geste d'un regard froid avant de tourner des talons et d'annoncer à tous qu'il était temps de faire ce qui était prévu. Alors que son équipage s'affaira à trouver la ville la plus proche tandis que d'autres gardaient le navire, elle partit pour sa part seule et marcha sur le sable d'un pas leste en direction de son objectif. La pirate s'était répété le scénario dans son esprit un nombre incalculable de fois. Alors que peu à peu elle se rapprochait de sa destination, une branche sur le sol craqua. Elle poussa un soupir, évidemment le seul qui aurait pu la suivre malgré son interdiction n'était autre que :

« Raito... Sors de là abruti.  Qu'ai-je donc fait pour mériter un matelot si désobéissant, il va falloir que je te rééduque. Puisque tu t'es invité, mettons les choses au clair : tu regardes et tu te tais même si ta langue un peu trop bavarde veut s'exprimer. »

Le duo malgré la capitaine ne tarda pas à arriver face à un grand navire qui n'avait pas changé de place. La présence désagréable d'espions furtifs cachés un peu partout se faisait sentir. Un groupe averti de leur présence était déjà donc sur place, la mine pas vraiment enchantée de les voir. Alors qu'elle était la plupart du temps la première à prendre la parole, un homme aux bras croisés la devança :

« Amaryllis Belladone. Vous pouvez d'ores et déjà faire demi-tour. Effectivement nous avons reconsidéré votre proposition et en avons conclu qu'il existe des pirates bien plus riches sur cette terre et au pouvoir bien plus grand que le votre, nous travaillerons donc pour quelqu'un d'autre que vous, navré. »

Amaryllis plissa les yeux, elle s'en doutait. Gardant toute sa contenance implacable qu'elle arborait comme une armure face à des adversaires, elle prit la parole à son tour, le ton de sa voix ne laissant entrevoir aucune faille :

« Je crois malheureusement que vous ne m'avez pas bien compris, puisque visiblement la discussion semble impossible, je vais devoir m'imposer par la force. Pas assez de puissance n'est-ce pas ? C'est pour cela que je suis venue seule... »

La pirate jeta un rapide coup d’œil à son compagnon, elle l'avait oublié celui-là ! Il fallait improviser, et vite. Masquant son léger trouble, elle reprit aussitôt :

« Accompagnée de mon meilleur homme. Car oui, je jure qu'à nous deux seuls, nous pouvons tous vous décimer le temps d'un battement de cils. »

Les corsaires ennemis lui rirent au nez et commencèrent à se rassembler face aux deux pirates. Ils étaient au moins quinze, sans compter ceux qui rôdaient dans la forêt. Amaryllis fronça les sourcils et chuchota discrètement à son compagnon.

« Énerve-moi ! Ne fais cette tête d'ahuri, il faut qu'on les impressionne avant que ça dégénère. Les pirates ont aussi peur de la magie qu'ils s'en méfient, il faut que tu fasses sortir cette... chose en moi et la dernière fois j'étais folle de rage. Avec ta créature ça devrait suffisamment les impressionner pour qu'ils prennent peur, je ne veux pas de combat, nous n'allons tout de même pas tuer ceux qui sont censés devenir des nôtres. Quoi qu'il en soit fais comme tu veux mais trouve un moyen, puisque tu es là rends-toi utile, et dépêche-toi ! »

Instinctivement elle dégaina son sabre, les traits durcis. Si elle échouait ici c'était la fin de tout, son équipage passerait pour des incompétents et serait ridiculisé auprès de toute la Voile d'Onyx. Chose aussi inacceptable qu'insurmontable si cela se passait malgré elle.

Finalement, elle lui avait fait comprendre qu'elle ne voulait pas qu'on la suive... Bien évidemment, Rai l'avait dit, même si elle ne le voulait pas il allait la suivre, c'était une assurance. Ainsi une fois qu'elle quittait le navire, il partit rapidement la rejoindre, suivant ses pas, de loin cependant. Fort peu habile du fait de ses blessures et pas bien discret à l'accoutumé, il marchait sur une branche, petite, mais vicieuse. Aussi était-il que le bruit assez reconnaissable fit s'arrêter la capitaine qui savait de quoi il en retournait. Elle ne prit presque pas la peine de se tourner, elle savait déjà qui avait enfreins ses ordres. Rai est un frissons dans l'échine quand elle parlait de le rééduquer... Mais fit un léger sourire quand elle acceptait qu'il la suive, à condition qu'il la ferme.

Restant donc silencieux, il se tenait à sa gauche, oui pas à sa droite, par respect pour Krellion, même s'il ne l'aimait pas, c'était lui le second d'Amaryllis, qui devait se tenir sur sa droite. Bref, vieux réflexe de paladin mis à part., il voyait les hommes en grand nombre devant Amaryllis, restant silencieux, il écoutait un homme visiblement porte parole, dire que la proposition qu'elle leur avait faite ne les intéressaient pas. Elle disait elle qu'elle était venue seule... avant de se raviser et de dire qu'elle était avec son meilleur homme, dommage que ce n'était pas pensé, bien que ça restait plaisant à entendre.

Se réunissant les hommes semblaient cependant amusés par la situation, jusqu'à ce qu'elle lui chuchote de l'énerver.... Voyons, comment pouvait-il faire ça... Ayant une idée, un grand sourire remplie de malice apparut sur son visage... Puis tendant son bras sur le côté, il accumulait un miasme noir dans sa main, fermant un oeil tant l'exercice était douloureux, une fois assez d'énergie magique cumulé, il claquait des doigts faisant apparaitre Mateus sous le regard terrifié des corsaires. Disant à Mateus de ne rien faire pour le moment il se tournait vers sa capitaine. Lui chuchotant doucement:

" Désolé capitaine, j'espère que ce n'est pas le premier"

Une fois qu'il eut dit ça, il vint embrasser la jeune fille, pas simplement sur la joue non, un baiser en bonne et dû forme. Il allait déjà regretter amèrement cet acte... Alors sachant ce qui allait suivre, il savait qu'il se ferait tuer, au moins. Se retirant et laissant Mateus se mettre entre les deux pirates, il dit alors:

" Comme je pensais, vos lèvres sont douces capitaine, je devrais annoncer ça à l'équipage ahah, c'est dans ces moment la que les femmes sont vraiment utiles"

Il ne le pensait pas vraiment bien sur....Du machisme,... Si la capitaine ne s'énervait pas avec ça, alors elle ne s'énerverait avec rien, ou bien Rai avait perdu son don de la taquiner, l'un comme l'autre ne serait pas très profitable puisque non seulement le plan échouerai, mais il se ferait quand même lyncher. Tournant alors son regard froid vers les pirates, il fit un sourire plus malsain, il croisait les bras, attendant que sa capitaine revienne parmi eux, elle devait sacrément bien bouillir.

" Bon Mateus, le quel veux-tu manger en premier ?"
"- Lui me semble bon..." Fit la créature dans un murmure glacial...

Dans un dernier moment de peur, aussi bien pour les corsaire que le pugiliste... Ce dernier attendait que la capitaine fasse cramer quelque chose, tant que ce n'était pas lui en fait... Il était déjà assez brulé comme ça

Amaryllis écarquilla les yeux, à vrai dire elle s'attendait à tout sauf à cela. Elle ne lui laissa évidemment pas le temps d'apprécier le contact de ses lèvres plus d'une fraction de seconde. Du revers de sa main elle envoya valser la joue de l'homme pour la seconde fois. S'il était masochiste, il faisait vraiment tout pour prendre son pied cet abruti ! Heureusement que ce n'était pas son premier baiser, non. Cela avait toujours été de façon discrète et de courte durée mais elle avait connu bien des hommes, la capitaine au cœur de glace. Pour le moment elle se sentait simplement humiliée et la phrase désagréable que prononça son compagnon juste après ne fit que creuser ce sentiment. Comment osait-il lui faire une telle scène devant toute une troupe de pirates qu'ils étaient censés effrayer ? Amaryllis se retint pour ne pas l'empaler sur place, il l'avait énervée, oui, et il en payerait les conséquences plus tard car elle n'était pas vraiment satisfaite du moyen employé.

Elle n'avait pas bougé d'un cil. La tête baissée, elle ressemblait à une adolescente à qui on avait volé son premier baiser et les corsaires ennemis s'amusaient beaucoup de cette situation malgré la créature effrayante qu'avait invoqué Raito. A vrai dire Amaryllis ne faisait que concentrer sa rage, elle ruminait intérieurement toutes ces choses qui la rendaient folle de rage et sentait peu à peu cette sensation étrange monter en elle. Qu'il était difficile de rester calme tout en faisant monter une profonde colère ! Finalement elle daigna relever la tête, pivota légèrement sur le côté et posa ses yeux dont la teinte avait viré au rouge sur ses adversaires. Fort heureusement pour son compagnon elle ne savait pas contrôler la trajectoire, car elle n'aurait pas hésité une seconde à le brûler de toute part.

« Ôtez donc vos sourires disgracieux. »

La capitaine fronça les sourcils et dans un ultime effort mental, déversa sa haine quand tout à coup la distance qui séparaient les deux pirates de la troupe se flouta. L'homme qui avait prit la parole plutôt fit les yeux ronds et n'eut pas le temps de comprendre alors que sa chemise prenait feu par un quelconque miracle. Amaryllis pesta contre elle-même à voix basse, ce n'était pas du tout un être vivant qu'elle voulait viser, elle ne désirait tuer personne ! Mais puisqu'il en était ainsi... ce n'était pas le moment d'accorder une quelconque pitié. Elle tenta de garder sa contenance et de masquer le trouble infligé par sa cible qui s'enflammait en poussant des cris atroces, courant vers le point d'eau le plus proche avant de mourir pour de bon, sous le regard interdit de ses camarades. Elle posa ses mains sur les hanches et entama un nouveau discours, la voix grave, relevant légèrement le menton d'un air aussi hautain que sévère.

« Un pas de plus et vous finirez tous en cendres et si par je ne sais quel miracle vous arriviez à fuir, la créature de mon homme vous dévorera sans la moindre compassion. La magie est revenue dans ce monde, mes frères, et je compte bien l'utiliser pour prendre le pouvoir. Des pirates effroyables aussi doués au maniement des armes qu'en magie, qui pourra donc nous faire face ? J'espère que cette démonstration vous aura suffit, auquel cas, vous savez quel sort vous sera réservé... »

L'orgueil de la jeune femme remonta en flèche lorsque les pirates s'agenouillèrent devant elle. Un infime sourire parcouru ses lèvres, cette fois elle en était certaine, la gloire l'attendait et peu importe qu'elle doive brûler des contrées entières pour y parvenir. Elle n'aurait aucune pitié pour honorer le nom de ses ancêtres et la bravoure de ses fidèles matelots. Son regard fût des plus déterminés lorsqu'elle ouvrit une dernière fois la bouche.

« Ensemble nous mettrons la main sur la Voile d'Onyx et notre clan sera aussi admiré que craint de tous. Levez-vous, la victoire ne sera pas mienne mais nôtre, mes amis. Un nouveau capitaine sera assigné à votre navire, et peu à peu nous constituerons la flotte la plus effroyable de tout Val'Thar. »

Effectivement, des discours elle allait devoir en faire un bon nombre si elle continuait sur cette voie là. Et comme se doutait la plupart de l'équipage, c'est bien évidemment Krellion qu'elle allait choisir pour diriger le nouveau navire. C'était le plus compétent de tous, il l'accompagnait depuis des années et avait toute sa confiance. De plus, si cela pouvait apaiser les tensions qui régnaient depuis l'arrivée de Raito, c'était une bonne chose à faire. Alors qu'elle s'approchait pour parler à tous, elle eut droit à une énième provocation de la part de l'ancien paladin. Elle lança alors un regard qui suggéra à tout le monde de se taire rapidement et fit signe à Krellion de venir auprès d'elle, ignorant complètement Raito.

Si elle venait à diriger une flotte entière, il était temps qu'elle apprenne à gérer ses émotions, plutôt que de rester la furie colérique connue de tous, elle avait choisit de devenir la force tranquille. Et celui qui la taquinait dès qu'il le pouvait serait son premier sujet d'expérience. Il était qu'il comprenne qu'elle était son supérieur et pas son amie, elle en avait assez qu'il se permette ainsi d'être si familier avec elle en plus de la ridiculiser devant tout le monde. Peut être Krellion avait-il raison, elle qu'elle avait passé trop de temps avec lui. Ce fût donc sans aucune réaction de sa part quant à la provocation que la capitaine entama son discours. Dès lors, elle n'eut plus un regard de la soirée pour le pugiliste.

« J'ai choisit Krellion pour devenir le capitaine du nouveau navire, première partie de notre désir de conquête. Nous naviguerons donc maintenant à plusieurs et croyez-moi que bien d'autres se joindront à nous, rapidement. Quoi qu'il en soit passons les détails administratifs, ce soir nous accueillons nos nouveaux compagnons et je vous accorde a liberté de faire ce que bon vous semble, pour la soirée uniquement évidemment ! Sortez le rhum, buvez, riez et montrez-vous agréables avec les arrivants qui font désormais partie de notre famille ! Demain le travail reprend, et en contrepartie de votre nuit divertissante, je veux un navire réparé et prêt à reprendre la mer ! Sur ce, bienvenue aux nouveaux et que la fête commence ! »

Amaryllis s'isola un moment seule avec Krellion. Il était enchanté d'avoir été nommé mais ne voulait pas laisser Amaryllis seule. Elle lui avait répondu que les deux navires seraient la plupart du temps collés entre eux, que c'était un nouveau départ pour tout le monde et que pour l'instant, l'heure était à la fête. Elle l'avait donc convié à se joindre aux autres, s'exilant quant à elle dans ses quartiers. La pirate n'était vraiment d'humeur à festoyer, malgré cette victoire, un ouragan de de questions et doutes déferlait dans son esprit. Ce n'était qu'un début, certes, mais ils étaient encore loin de la grande armée dont elle rêvait et même si elle avait toujours été déterminée, elle craignait de flancher avant d'atteindre son objectif. Elle allait devoir s'imposer continuellement, et encore plus parce qu'elle était une femme qui devait prouver sa valeur dans ce monde d'homme. Bien qu'énergique plus que quiconque, son devoir de commandante l'épuisait de temps à autre et prendre du repos n'était possible pour elle. De plus Krellion allait rejoindre un autre navire, sur qui allait-elle s'épauler dans ses moments de faiblesse ? Hors de question de nommer un nouveau second, ce n'était pas du tout le moment.

La jeune femme poussa un soupir, se posa face à son grand miroir, glissa son doigt sur sa cicatrice, songeuse puis posa son regard sur ses propres yeux. Elle allait en plus devoir contrôler cette chose qui l'effrayait même si elle ne voulait rien laisser paraître. Les pirates craignaient la magie depuis toujours, et elle ne faisait pas exception. Mais elle ne pouvait pas simplement éviter les mages puisque cette énergie surnaturelle avait décidé de l'habiter. Amaryllis décrocha sa broche épinglée habituellement à son cou, ses pensées dérivèrent soudain vers sa famille. Elle secoua aussitôt la tête, alors que les bruits de festoiement résonnaient dehors, il était quant à elle temps de prendre une bonne nuit de repos avant qu'elle ne se laisse submerger par ses idées moroses. La pirate ôta lentement ses vêtements avant d'enfiler une nuisette de satin blanc, elle appréciait la douceur du tissu pour dormir. C'était bien la première fois qu'elle acceptait de se reposer à une heure pas si tardive que cela. A la jeune femme s'allongea sur son lit, aperçut que sa porte était entrouverte mais la paresse qui l'habitait l'empêcha de faire un quelconque mouvement. Elle poussa un soupir et enfouit sans tête dans son oreiller, espérant que personne n'ose troubler son moment de repos.

La fêtes battait de son plein, tout le monde y participait puisque la capitaine avait donné carte blanche. Tout le monde sauf la capitaine elle même qui n'était pas là. Un peu interpelé, Rai décidait d'aller voir ce que pouvait bien faire sa capitaine, il ouvrait doucement la porte et vit que cette dernière était allongé, dans un tenue fort séduisante...

Ne voulant finalement pas la déranger, il fit demi-tour, souriant doucement et se disant qu'elle était surement exténuée. Lui murmurant doucement de passer une bonne nuit, il repartait vers le pont, afin de participer aux festivités, il était étonné de ne pas s'être fait réprimander plus sévèrement que ça vu tout ce qu'il avait fait, surement lui réservait-elle le chien de la chienne.

Une bonne partie de la nuit était passé et quelques matelots s'étaient laissé prendre dans les bras de Morphée. Rai pour sa part avait très peu bu, il cherche une idée afin d'être utile à sa capitaine, mais des idées il n'en avait pas, elle voulait monter une armée, alors comment faire... Une idée lui vint alors à l'esprit, partant vers l'intérieur, il finit par entrer dans la cabine de sa capitaine, cette dernier semblait dormir à poings fermée. Souriant légèrement, la trouvant attendrissante lorsqu'elle était assoupie, rai s'accroupissait non loin, avant de finalement murmurer quelques mots:

" Merci pour tout Amaryllis, ne m'en veux pas trop ok ? Je reviendrais, je suis toujours l'un des tiens"

Se relevant et lui laissant un message sur papier, marqué "à bientôt" il partit chercher quelques affaires, personnelles et se redirigeait vers le pont, sur ce dernier tous s'étaient assoupie, sauf un, Krellion qui le regardait d'un façon froide comme à l'accoutumé, ne prenant pas la peine de répondre à ses regard provocateurs, Rai se dirigeait vers le terre ferme. Il lui fut demandé où il allait, il répondrait simplement:

" La où on m'appelle, je reviendrais, plus fort, plus tard avec des hommes et navire qui se joindront à Amaryllis. Ici, je suis inutile, ce n'est pas pour te déplaire non, Krellion." Il poussait un léger rire " prends soin d'eux"

Agitant la main sans se tourner, il savait que le second d'Amaryllis ne tenterait pas de le stopper, c'était une bonne pioche pour lui, une fois à bonne distance, son regard se lançait de nouveau vers le navire qui l'avait accueillit, ici il était devenu un pirate, ici était son foyer, ici il reviendrait. Pirate il est, pirate il sera, mais il ne voulait pas être un frein à Amaryllis aussi préférait-il revenir plus tard avec un navire et des hommes sous ses ordres afin de rallier la flotte naissante de la capitaine flamboyante. Se tournant alors vers la terre il reprit sa marche, qui sait ce qui l'attendait... Mais quoi qu'il ferait, ce serait au nom de sa capitaine...

( tu peux conclure par ses réactions ou bien en finir avec mon post ^^)

Amaryllis: 24
Rai: 26

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