Le Naufrage (Amaryllis Belladone)

*Par les Dieux!* tonna Ambroose en réussissant de se détacher le poignet du cordage qui l'avait maintenu attaché à une poutre mais surtout hors de porté des griffes de la mer et des tremblements du navire lors de l'ouragan qui les avait malmenés une semaine durant avant de porter son coup fatal au large d'une jungle qu'ils ne pouvaient identifier car ils avaient tellement dérivé les sept derniers jours qu'ils ignoraient jusqu'à leurs positions. Après ce dernier remous, le navire avait été réduit en miettes dont les morceaux avaient été ou happés par les fonds marins soit pour certain avaient fini échoués sur la plage.

Ambroose se redressa de toute sa hauteur, sentant ses os craquer à chaque mouvement puis regarda autour de lui, il n'y avait que des débris de bois humides, quelques objets hétéroclites mais surtout un peu plus loin sur la plage il aperçu quelques rescapés du naufrage disposés en cercle, parlant vivement. Puis Ambroose se regarda de haut en bas, ses vêtements étaient à peu près épargnés, bien que trempés, sa dague était toujours à sa ceinture mais la mer semblait l'avoir émoussée. De nombreuses fioles à sa ceinture étaient manquantes. Puis il se mit à chercher frénétiquement quelque chose dans les décombres, après quelques minutes il retrouva son coffret qu'il dissimula sous un repli de son ample tenu de velours. Puis il releva les yeux et aperçu des hombres se mouvoir dans la jungle. Ne voulant pas avertir les éventuels assaillants, le pirate se dirigea d'un air tranquille vers le cercle de ses camarades.

On doit partir tout de suite! C'est un ordre!
Un ordre tu te prends pour qui? T'es pas capitaine! Le ton commençait à monter et ces forbans étaient aussi forts en gueule que prêt à se mettre en rogne pour une demi pièce d'or. L'éclat de plusieurs lames commença à briller.
*Arrêtez vous amis, nous avons peut être bien de la compagnie.* Aussitôt ils oublièrent leurs querelles, tirant cependant tous leurs lames, l'un d'eux tendit une petite hache à Ambroose. Ils restèrent accroupis en cercle pour paraitre inattentif leurs mines patibulaires tendues, tous leur sens en éveil, attendant que les inconnus se montrent et s'il le fallait, leur passer du fer en travers le corps.

Un grand rire tonna du fin fond de la jungle. Les fameuses ombres sortirent peu après d'entre les arbres, ce n'était autre qu'Amaryllis et son équipage qui visiblement semblaient hilare. Ils étaient tous armés de leur sabre et celle qui dirigeait ces hommes s'approcha du feu du cercle des naufragés, à une distance tout de même respectable. Elle remit fièrement son grand chapeau, preuve de son rang, en place et parla de sa voix imposante tandis qu'elle les toisait de son regard sévère.

« Ne sont-ils pas mignons ? Vous croyez réellement que nous n'avions pas compris votre petit manège ? Quoi qu'il en soit nous sommes bien plus nombreux que vous et même si vous semblez avoir malheureusement fait naufrage, je ne puis avoir pitié de vous. Vous êtes effectivement sur les terres de la Voile d'Onyx et les étrangers ici sont indésirables, je me dois donc de faire le ménage. »

Par peur de se faire égorger sur place, un des hommes du cercle hurla qu'ils faisaient partie du même clan. La capitaine arqua un sourcil et croisa les bras. Elle n'avait aucunement confiance en ces pirates qui avaient naufrage mais s'ils disaient être de son clan, elle était obligée de laisser le bénéfice du doute. Elle les observa à tout de rôle un bon moment, semblant réfléchir puis repris la parole.

« Si ce que vous dites est vrai je veux rencontrer votre capitaine. S'il est mort, qu'une personne digne de parler en son nom se lève et m'explique la situation. »

A quelques mètres des hommes qu'elle avait questionné, elle attendait que l'un d'entre eux se lève. Elle était entourée de son propre équipage et ses gaillards n'avaient pas l'air sympathiques, ils pointaient leur lame en direction des étrangers, ne leur faisant pas du tout confiance, mais ils n'exécuteraient aucun geste tant qu'Amaryllis n'aurait rien ordonné.

Aux derniers mots de l'inconnue, l'ensemble de la petite troupe se leva, aucun de ces coupes-jarrets n'auraient laissé une femme, fût elle une reine, leur parler avec condescendance et mépris. Ambroose moins encore. Ils firent donc ensemble face à l'étrangère, sabres et crochets en mains, prêts à en découdre. Ambroose prit la parole:
-Remercie le ciel d'être une dame, un homme aurait mordu la poussière pour tes paroles. Mais une femme a une chance de s’excuser. Je suis Ambroose deKrol, maître des cartes sous les ordres du défunt Capitaine Toke de la Voile d'Onyx. Et quel est ton nom? Que je sache si je ne m'adresse pas à ce qui semble être une bande de vieilles canailles dirigés par une jeune pucelle.

A ces mots les hommes derrières Ambroose ricanèrent bruyamment, les hommes d'Amaryllis étonnés devant le culot du naufragé. Ambroose profita de ce moment pour continuer avant qu'Amaryllis ait put ouvrir la bouche:

-D'ailleurs où sommes nous? Peut être les coutumes sont elles différentes ici? Chez nous on reçoit ses frères pirates avec amitié. Peut être tout cela n'est qu'une incompréhension?

Visiblement celui qui disait se nommer Ambroose ne savait pas à qui il s'adressait. Quel insolent ! En une seule phrase il avait mis la capitaine en rogne et l'idée de leur laisser la vie sauve lui fût ôtée de l'esprit. Depuis son plus jeune âge elle avait su s'imposer dans ce monde d'hommes qu'était celui des pirates et ce n'était pas un stupide naufragé qui allait la faire faillir ! Elle jeta un regard noir et emplit de rage face aux hommes qui osaient lui tenir tête.

« Viens donc tâter de ma lame, nous verrons bien si tu feras le fier après t'être fait retirer tes parties génitales qui ne doivent déjà pas bien peser lourd ! La femme va ne faire qu'une bouchée de toi qui n'est pas capable de naviguer sans chavirer, butor ! »

Amaryllis dégaina son long sabre et s'apprêta à se jeter sur cet impertinent pirate mais heureusement un de ses hommes habitué aux impulsions de la capitaine la retint juste à temps. Il lui chuchota à l'oreille qu'il était inconvenant de se battre avec des membres de son propre clan. S'ils disaient vrai, Ambroose avait effectivement raison et il fallait les traiter en tant que frères, non comme ennemis. La jeune femme glissa un doigt sur sa cicatrice comme pour se calmer puis pris une grande inspiration pour répondre aux questions du pirate sans l'insulter.

« Je suis Amaryllis, capitaine du navire Légende, fille de l'illustre famille des Belladone qui autrefois faisait partie des plus puissants de la Voile d'Onyx. Je suis effectivement une femme et j'ai botté le cul de bon nombre d'insolents de ta trempe. »

Autant le début de sa phrase était correcte, autant elle avait dérivé vers la fin et ne semblait pas prête à discutailler avec ces hommes qui l'avaient blessé dans son orgueil. Ce fût donc l'homme qui l'avait arrêté dans son élan meurtrier qui pris la suite. Il s'avança de quelques pas, posa une main sur l'épaule de sa capitaine et pris la parole d'une voix calme et amicale.

Portrait :

Spoiler:

« Je suis pour ma part Krellion Aislinn, membre de cet équipage. Nous vous avons pris pour des membres de Tan'hor, veuillez nous en excuser. Vous êtes effectivement des nôtres donc des amis. Vous avez échoués par je ne sais quel malheur sur les plages des Tropiques d'Imariaa. Si nous pouvons vous être d'une quelconque utilité, nous serons ravis d'aider des frères d'Onyx. »

Krellion souriait tandis qu'Amaryllis, à ses côtés, toisait les naufragés avec dédain, nullement prête à leur pardonner mais bien obligée de les aider pour garder son honneur de pirate.

Ambroose sourit au défi lancé par la jeune femme, il rengaina ses armes et passa les pouces à la ceinture, mains à portés de flacons des petite fioles remplies d'un liquide brunâtre. Ses hommes reculant d'un pas, pour laisser palace à l’éventuel affrontement. Lorsqu'elle s’élança et que ses hommes la retinrent, Ambroose tourna le dos pour sourire à ses camarades. Puis refit face à Amaryllis en train de se présenter, ventant les mérites de son clan puis recommençant à l'insulter. Puis un de ses subordonnés s'adressa aux naufragés. C'était un jeune homme étrange, il ne ressemblait à aucun forban qu'Ambroose eut jamais croisé. Mais celui-ci leur adressa d'amicales paroles à leur encontre.

-Eh bien mon ami, une tempête comme jamais l'océan n'en avait essuyé nous a tourmenté durant une semaine entière. Nous ignorons donc tout de notre position et de la localisation du plus proche port d’amarrage. Serait il possible de convaincre votre capitaine de nous l'indiquer?
-Et si possible nous faire passer par le plus proche repère de la Voile d'Onyx avant, nous aurons besoin de vivres. Rajouta un homme derrière Ambroose.

L'ensemble du petit groupe tourna la tête vers le jeune homme en attente d'une réponse. Puis, la mine sévère ils rangèrent leurs armes dans leur fourreaux.

« Voilà qui est fâcheux, nous avons nous aussi bravés plusieurs fois la tempête, quelle rude épreuve ! Et ...»

« Mais nous on a pas chaviré parce qu'on est des vrais pirates. »

Rétorqua froidement Amaryllis en coupant la parole à son second. Ils avaient certes rangé les armes mais la jeune femme en voulant toujours au pirate d'avoir osé lui parlé de manière si peu décente. Krellion lui tapota l'épaule et repris calmement.

« Le port le plus proche à est l'autre bout de la forêt qu'il va nous falloir traverser. Nous vous escorterons bien évidemment jusqu'à là-bas. Notre clan y règne en maître et vous pourrez certainement vous procurer des vivres avec aisance. En attendant nous pouvons partager les nôtres. »

Amaryllis haussa les épaules et s'éloigna à pas vifs tandis que Krellion fit signe aux naufragés de les suivre. La capitaine ne semblait pas enchantée de faire toute avec eux mais puisqu'il en était ainsi. Allez savoir pourquoi, une subite envie de se revigoré la prise ordonna qu'on lui serve un verre. Elle avait décidé d'agir avec bon sens et sagesse et donc, tentant d'être plus agréable qu'auparavant, elle proposa de leur précieux breuvages à Ambroose et ses camarades. S'il y avait bien une chose qui mettait les pirates d'accord, c'était le rhum ! Elle tendit donc un verre au pirate, de son air boudeur mais qui se voulait appréciable. Ils allaient devoir faire une longue route ensemble, autant que cela se passe dans un minimum de jovialité. Elle bu alors une gorgée et questionna Ambroose.

« Juste par curiosité, vous comptez faire quoi maintenant ? Votre navire est détruit et votre capitaine est mort. Vous allez nommez un nouveau chef ou bien rejoindre un autre équipage ? Ou alors même complètement changer de vie ! »

Encore des injures? Par le sang cette donzelle avait dépasser son quota de raillerie pour prétendre à la survie, les deKrol n'étaient certes pas d'ascendance noble mais avaient sut se tailler une réputation d’implacables tueurs dans un monde de combattants. Il allait lui lancer un défi lorsque le jeune homme reprit la parole, tirant Ambroose de son envie de se venger. Il nota tout de même dans un coin de sa tête qu'il faudrait faire ravaler à cette péronnelle ces paroles, et surement sa langue avec.

Après le discours du jeune homme, la troupe d'Amaryllis se mit en route vers la forêt, la petite troupe d'Ambroose amassa rapidement ses maigres réserves et se mirent en marche sans se mélanger avec les autres, eux aussi s'étaient sentis insultés par la capitaine. Ils grimacèrent en entrant dans la forêt, ces solides boucaniers n'étaient à l'aise que dans un port ou sur les flots, la terre ferme les mettaient mal à l'aise depuis leurs trop longues années de pirateries à voguer librement. Puis, la capitaine se joignit à Ambroose, tendant un verre plein de rhum avec un air qu'Ambroose trouva étrange mais comme pour tout les pirates, le breuvage avait une odeur de paradis. Il s'en bu une bonne lampée s'humectant les lèvres. Voila une semaine qu'ils n'avaient put se nourrir que de façon très frugale. Il baissa la tête en signe de remerciements avec un sourire amicale et reconnaissant.

« Juste par curiosité, vous comptez faire quoi maintenant ? Votre navire est détruit et votre capitaine est mort. Vous allez nommez un nouveau chef ou bien rejoindre un autre équipage ? Ou alors même complètement changer de vie ! »
Cette question surprit Ambroose, pour lui il n'y avait eut qu'une option, refaire le plein de vivre, "trouver" un bâtiment digne de voguer sous leurs couleurs, rassembler rapidement une équipage, faire main basse sur deux ou trois cargaisons et rentrer au port en espérant que sa famille se contenterait de ça.

-Je ne suis pas le chef, je ne fais même pas vraiment parti de leurs équipage en principe, nous n'étions que quatre de la maison deKrol à bord donc je ne peux pas vous dire ce que feront ces hommes, pour ma part je vais essayer de réparer cette catastrophe et de prouver que j'ai encore de la valeur pour ma famille. J'étais censé ramené un butin conséquent de pillage sur les côtes de l'Astre d'Argent. Mais ici trouver un bon contrat sera plus compliqué, notre clan n'a pas la même influence ici à mon avis . . . et pour votre équipage quels sont vos projets?

« La gloire, évidemment ! »

Tonna Amaryllis en ponctuant sa phrase d'une grande gorgée de son précieux rhum.

« Nous débusquons tous les ennemis recherchés par la Voile d'Onyx. Nous avons d'ailleurs un bon nombre de têtes à notre actif et notre réputation ne cesse de grandir ! Nos projets sont notre clan, rien d'autre ! Et retenez bien mon nom car je suis certaine que vous en entendrez parler dans pas si longtemps ! »

La capitaine bomba le torse, enfin la poitrine, l'air absolument fière de son équipage et de ses diverses actions menées en faveur de son clan. C'est lorsqu'un de ses matelots en tête de ligne l'interpella qu'elle laissa respirer Ambroose avec ses éloges d'elle-même.

« Capitaine, des pirates ! Ils disent être à leur propre compte et refusent de nous laisser passer si nous ne les payons pas. Ils menacent même de nous faire saigner.... On fait quoi ? »

Plutôt que de paraître ennuyée, la jeune femme arbora un sourire malicieux et se posta face à son compagnon de voyage.

« Eh bien, Sieur DeKrol, montrez-moi donc comment s'occupe un homme d'une banale altercation comme celle-ci.  Je place mes hommes à votre guise et observe votre intervention avec la plus grande curiosité !»

Elle croisa les bras, hocha la tête et ne lui laissa pas le choix d'accepter ou non. La pirate fit passer le mot que pour ce problème ce serait le naufragé qui s'en occuperait. Cela l'intriguait de voir comment il allait gérer ça, si ce serait de la même façon qu'elle ou non. Elle avait d'ailleurs secret espoir qu'il se trompe dans ses choix pour lui permettre de le rabaisser comme il se devait ! Elle était maintenant de bon sentiments avec ceux qu'elle escortait mais le désir de voir ceux qui lui avaient ainsi parler faillir la faisait brûler d'envie.