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 Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]

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Mei Akutagawa

Mei Akutagawa


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MessageSujet: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeLun 15 Aoû - 20:40

On l'avait prévenue mais elle s'était entêtée. Pourtant, on devrait toujours écouter les gens qui vivent en un lieu pour être sûr de ne pas se faire avoir.
Il pleuvait à seaux.

Protégée en partie par les épaisses feuilles qui formaient avec les troncs souples et tordus une voûte complexe, Mei avançait d'un pas prudent sur le chemin en pente douce. D'ordinaire, elle y serait allée insouciante, le nez au ciel à admirer la nature arborescente et inconnue autour d'elle, mais le sol détrempé et glissant ne lui permettait pas une telle fantaisie. Ses cheveux étaient plaqués sur son front et lui arrivaient parfois dans les yeux. Elle les balayaient en arrière d'un geste de la main avant qu'ils ne retombent en cascade lourde et désagréable. Elle n'avait rien pour empêcher l'eau de l'assaillir, et elle se dit alors qu'elle aurait dû y penser en quittant la maison. Elle se promit intérieurement de fabriquer un jour quelque chose qui lui permettrait de ne pas revivre une pareille situation.

Derrière elle, un énième dérapage se fit entendre. Son cheval n'était pas à l'aise sur cette terre meuble qui se dérobait à la première occasion. Un soupire profond s'échappa des naseaux brûlants. La jeune femme manqua de tomber en avant en sentant un coup de nez dans le creux de ses reins. Elle se rattrapa à une branche et soupira. L'héritière Akutagawa se redressa et posa son regard sur son cheval tout aussi trempé qu'elle. Des volutes de fumée s'échappait de son corps chaud. Il devait être au moins avoir tout aussi froid qu'elle. Le pire, c'est que l'eau n'était pas fraiche, mais à force d'être trempés, on finit toujours par avoir froid. C'était d'ailleurs bien désagréable, mais elle n'y pouvait rien. Elle remonta sa main pour caresser le front de la couleur des blés d'automne, suivant la longue ligne blanche qui descendait jusqu'entre les naseaux sombres. Lui aussi avait le crin qui gênait en partie sa vision. Elle arrangerait ça dès le lendemain.

"Oui, moi aussi, j'en ai assez. Mais ne t'en fais pas, on est bientôt arrivés."

Ce n'était pas tant pour ce qu'il comprendrait de ce qu'elle disait, c'était surtout parce que les chevaux avaient un rapport particuliers à la voix. Le rassurer et lui donner un peu de courage pour continuer. Cette bête avait beau être adorable, c'était une vraie tête de mule quand il s'agissait de faire ce qu'elle ne voulait pas.

Il leur fallu encore un bon quart d'heure pour voir les premières maisons. Le sentier s'enfonçait entre deux rangées de maisons plus ou moins en bon état, bordées de potagers et de fleurs exotiques parfois énormes. Mei n'en avait jamais vu de semblables, mais elle n'avait aucune envie de s'attarder pour les observer. Il fallait qu'elle trouve une auberge, un endroit pour se mettre au sec, et vite. Moins d'une minute plus tard, elle mit les pieds sur ce qui semblait une grande artère de cette petite ville. On sentait déjà l'odeur iodée de la mer et l'air plus lourd et chargé d'humidité des côtes. Il n'y avait personne dans les rues, ou très peu de monde tout de même à l'abri sous des auvents de bois. Elle déambulait dans les rues, au hasard, cherchant des yeux le panonceau salvateur qui lui dirait qu'elle pouvait s'arrêter là. La pluie n'avait pas cessé, mais elle était déjà moins forte. Le son continuel des gouttes qui martelaient les toits finissait par lui donner mal à la tête.

Quand la pluie cessera... se dit-elle. Mais elle ne termina pas sa phrase, persuadée en cet instant que la pluie ne cesserait jamais.


Dernière édition par Mei Akutagawa le Jeu 25 Aoû - 1:31, édité 2 fois
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Sephiel Aëristh

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MessageSujet: Re: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeMer 17 Aoû - 14:45

Séphiel, l''enfant de la lune


Les yeux encore fermés il commençait doucement à se réveiller. Encore dans le noir, il entendait de plus en plus clairement ce bruit berçant. Il lui fallut quelques instants avant qu’il comprenne qu’il s’agissait de la pluie. Un sourire se dessina sur son visage encore endormi. La pluie était quelque chose qu’il appréciait beaucoup. Certaines mélodies vous apaisent sans que l’on sache vraiment pourquoi.

Il serait bien resté toute la journée comme ça, sans ouvrir les yeux. Couché ici, à se laisser à la rêverie au rythme des gouttes de pluie qui tombaient sur la taule de cette maison Yuen. Mais quelques voix qu’il connaissait bien retentir dans l’auberge qui les accueillait.

- Séphiel réveille toi. Le petit déjeuné est prêt !

C’était la voix de sa mère qui l’appelait. Le jeune tacticien ouvrit doucement les yeux en soupirant. « Décidément, certaines choses ne changerons jamais. » s’amusait-il à penser. Il enfila rapidement un kimono au style typiquement Yuen qu’il avait acheté récemment puis descendit rejoindre le reste de sa famille. Comme attendu il était le seul à être en retard, déjà quelques rires se firent entendre lorsqu’il montra sa bouille au reste de la famille. Ses cheveux blanc étaient particulièrement en bataille et lui donnaient un air douteux. Séphiel fît une tête mi vexé mi amusé puis alla s’assoir auprès de ses frères.

Une véritable petite montagne de nourriture habillait la table sous les yeux effarés des hôtes Yuen. Généralement en Eresia les petits déjeunés sont assez solides, mais chez la famille Aëristh ce trait était beaucoup plus prononcé. Depuis des générations les fils et filles Yuen étaient de puissants guerriers, et aussi de très gros mangeurs.
Au final seul Séphiel se contentait de manger à peu près normalement, un simple morceau de pain et un jus de fruit local qui avait été préparé. S’il mangeait plus il savait qu’il n’aurait eu qu’à vomir son déjeuner. Mais pour rester à table avec sa famille un peu plus de temps, il faisait de son mieux pour manger lentement et passait finalement le plus claire de son temps à discuter qu’a réellement manger. Ce n’était qu’une différence parmi tant d’autre entre lui, le dernier fils de la famille et le reste. Ses trois frères étaient des dignes fils Aëristh, fiers, bons, justes et forts. Relativement grands, mais surtout imposants par leurs carrures et leurs muscles sculptés avec le temps. Ils avaient des visages a la fois doux et fort à la fois surmonté par des cheveux noir jais. Leur père commençait juste à montrer quelques signes de l’âge qu’il commençait à prendre. Quelques rides commençaient à montrer le bout de leurs nez, les cheveux tout justes grisonnant luire donnant un air distingués. Malgré cela, son regard acéré montrait avec évidence son passé de guerrier.
Leurs mère quant à elle était un peu différente. Son visage que l’on avait déjà vu en partie sur celui de son dernier fils, elle avait de long cheveux noirs et des yeux taquins, pleins d’intelligences. On raconte souvent que les hommes Aëristh avaient une chance folle lorsqu’il s’agissait de trouver des femmes d’exceptions. Cette femme ne faisait pas exception à la règle, quiconque lui aillait déjà parlé en serait convaincu. Sa voix douce raisonnait avec musicalité et humour jusqu’aux oreilles de ses interlocuteur. Elle ne semblait jamais être piégé par ses propres convictions lorsqu’elle discutait avec les autres, mais son avis semblait à la fois juste et bon, si bien qu’a chaque fois elle réussissait à convaincre n’importe qui. Sa bonté et sa douceur avait été transmise à ses fils, tandis qu’ils avaient reçu l’honneur et la force de leurs père.

Enfin sur ce dernier point Séphiel est quand même une exception. Contrairement à ses frères, sa faiblesse l’a toujours habité. Dès sa naissance il était malade, jusqu’à aujourd’hui personne n’a sur mettre le doigt sur la nature de ce mal. Mais une chose est sûre, c’est que la maladie progresse. Quand il était encore enfant, ses cheveux étaient aussi noirs que ceux de ses frères. Mais la maladie à progresser pour leurs donner cette teinte immaculée. Il y a quelques années une cicatrice est apparue sur son visage, la maladie avait encore progressé. Récemment sa main elle aussi semble avoir été atteinte par la maladie confirmant cet état de fait.

Personne ne le disait mais tout le monde le savait, comprenait ce qui était en train de se passer. La maladie progressait de plus en plus vite, il ne lui restait plus pour très longtemps.
Lui le premier l’avait compris tout comme sa famille. Il leur en était reconnaissant d’agir comme à l’habitude avec lui. C’était en réalité la raison de ce voyage en terre inconnue.

- Je reviens, je vais faire un tour à l’extérieur. Ce village est magnifique, il mérite d’être visité. Lacha-t-il.
- Mais il pleut. Tu ne voudrais pas attendre que ça ce calme. Répondit son père inquiet.
- Non, ce village sous la pluie, c’est quelque chose que je veux voir avant que ça disparaisse.

Il se leva sous les protestations inquiètes des membres de sa famille, mais ils n’insistèrent pas trop. Leurs préoccupations n’étaient en rien de l’infantilisation, ils respectaient malgré tout Séphiel pour ce qu’il était.

- Prends juste ce parapluie quand même. Fini par dire sa mère d’un ton qui n’autorisait aucune contradiction.

Il saisit l’outil protecteur de bonne grâce avant d’y aller.

Dehors c’était comme il l’imaginait. Dès son premier pas à l’extérieur ses poumons se remplirent de cet air chargé d’humidité. Les rues étaient désertes, au fils de ses pas se dessinaient les maisons à travers l’épais filet de pluie.

Il continua à marcher lentement jusqu’à ce qu’il trouve enfin ce qu’il cherchait. Un petit endroit à l’abri de la pluie près de la place principale du village. S’assit donc près de l’échoppe encore fermé à cette heure. Il était là au bon endroit pour s’adonner à sa passion.
Il fouilla quelques instants dans son sac pour sortir son nécessaire à peindre. Un pinceau typiquement Yuen ainsi qu’une toile de leurs conception. Il posa ensuite un tripier qu’il avait emmené avec lui et y mit sa toile.

Premièrement l’aire, c’était ce qu’il devait réussir à saisir sur sa toile. Aujourd’hui il était sombre et triste et mélancolique. Ensuite il continua à faire danser son pinceau, les détails, les maisons, les statues et autres choses qui lui apparaissaient. Il prenait son temps, ajoutait des détails que peu de gens pouvait voir à l’œil nu. Les maison sur la toile n’en avait pas l’air. C’était sur cette toiles des arbres à l’aspect accueillant, le sol de pierre était ici du sable orangé. Il continuait sa peinture, peignant l’invisible.

Il finit enfin sa toile et la regardait d’un air satisfait. Elle représentait une sorte de forêt aux couleurs mélancoliques. Les arbres couleur terres sur un sable orangé. Au milieu de cette scène se tenait une cavalière aux habits émeraude. Il se demanda quelques instants pourquoi il avait ajouté ce dernier détail alors que pourtant en face de lui il n’y avait rien.

Ensuite il resta quelques instants assis à regarder devant lui, profitant de la pluie qui perdait lentement en intensité jusqu’au moment où il fut tiré de sa rêverie par une silhouette se dessinant au loin. Il se leva pour tenter de mieux voir ce qui approchait et il reconnue celle de son dessin.

Une fois qu’elle fut assez près il put voir qu’elle avait l’air exténué, et surtout trempé. Sans trop prendre la peine de réfléchir il court vers elle armé du parapluie.

- En attendant que la pluie cesse vous voudriez peut-être vous abriter ?

Il avait entendu ce qu’elle avait dit juste avant pendant qu’il allait vers elle.
Il lui tendit le parapluie puis en montrant du doigt.

- Venez par ici, il y a un petit abri.

Sa respiration était saccadée, il était véritablement exténué. Dans son état courrier n’était pas la meilleure chose à faire, mais comme dit plus haut, il n’avait pas trop réfléchit.
Une fois près d’elle il en était sûr. C’était bien elle qu’il avait dessiné un peu plus tôt sans même l’avoir vu.
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Mei Akutagawa

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MessageSujet: Re: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeJeu 18 Aoû - 11:39



Elle en était venue à se dire que tant pis, elle allait continuer à errer sous la pluie. Elle se sentait comme un fantôme dans les rues d'une ville qui ne savait pas qu'elle était là, comme si plus personne jamais ne la verrait ni ne la chercherait. Dans le fond, ce serait bien de pouvoir disparaître. Passer une porte et entrer dans un monde semblable au premier, où toute consistance ou existence est effacée. Si c'était aussi simple de disparaitre et de continuer à vivre, à marcher aux côtés de ceux qu'on aime sans avoir à les gêner ni à leur faire honte, Mei l'aurait fait depuis longtemps. Dans le fond, si elle n'avait pas été là, sa mère et son père auraient continué à se voir comme ils en avaient pris l'habitude, son oncle n'aurait pas été déshonoré et son grand-père ne serait pas culpabilisé. Ce poids qu'elle emportait avec elle partout où elle allait et qui faisait pression sur son cœur quand elle se plongeait trop profond dans ses pensées ne l'avait presque jamais quittée depuis qu'elle avait compris que quelque chose clochait dans sa famille. Ces corps souples et agiles qui devenaient raides et hostiles quand ils se croisaient, ces sourires qui se forçaient à étendre la peau au maximum pour ne pas laisser exploser la rancune à la figure de l'autre...

En fait c'était ça, son problème. Elle n'avait jamais su quelle était sa place ni si elle devait regretter d'avoir un jour ouvert les yeux ou au contraire rester fière malgré le déshonneur qu'elle représentait. Un sourire légèrement amer se dessina sur ses lèvres. En contemplant ses chaussures pleines de boue et ses pieds à peine rincés par la pluie, elle se dit qu'un père ne retirerait aucun honneur à avoir une fille comme elle. Comme le lui répétait si bien cet oncle qu'elle avait pour longtemps pris pour père, une petite fille n'est belle que lorsqu'elle illumine sa maison de ses sourires. *Et où est-elle, ma maison, maintenant ?* Loin, bien loin. *Alors tant pis, je serai une petite fille affreuse.* conclut-elle, et tandis qu'elle relevait ses yeux couleur de miel, elle vit une haute silhouette courir vers elle.

Elle mit du temps à comprendre que c'était un être humain. Le lourd rideau de pluie le faisait ressembler à un fantôme dont les contours étaient de plus en plus nets, mais dont les détails n'en restaient pas moins étranges et improbables. Une crinière blanche appesantie par l'eau, une allure dégingandée...Elle se demanda un instant si ce n'était pas un esprit qui venait lui souhaiter la bienvenue ou lui dire qu'elle s'était égarée, qu'elle devait rentrer chez elle.

Les traits d'un jeune homme à peine plus âgé qu'elle lui apparurent alors. Il avait le regard doux et l'air essoufflé de quelqu'un qui a couru depuis l'autre bout du monde. Il avait l'air sorti de nulle part pour répondre à son souhait et ce parapluie tendu qu'elle regardait comme un objet inconnu devait être son pacte de passeur. Elle le contempla une seconde encore de ses grands yeux, puis revint sur ce qu'il lui proposait. Un sourire amusé revint sur ses lèvres fines et Mei tendit sa main pour prendre la poignée de bois. Dans un geste léger, elle ouvrit le parapluie, comme s'il n'avait encore rien dit ou qu'elle n'avait pas entendu et tendit le bras au-dessus de leurs têtes, se rapprochant de lui pour les abriter tous deux. La manche de son kimono se retroussa d'un bloc, dénudant son bras qui reçut la fraicheur de l'air et elle eut l'impression qu'elle allait mieux, sans vraiment savoir comment ni pourquoi.

"Je vous suis." répondit-elle simplement dans un sourire.

La jeune femme ne savait pas si elle faisait bien de laisser cet être la guider, mais quelque chose en elle lui disait que ça n'avait plus tellement d'importance. L'inconnu n'offrait pas grande possibilité de choix, dans ces cas-là. Continuer à mourir de froid ou faire confiance à quelqu'un dont la générosité semblait se lire sur son visage ? Elle décida que les apparences n'étaient pas toujours trompeuses.

Mei marchait d'un pas tranquille et lent, essayant de se calquer sur ceux de son sauveur de pluie. Les gouttes tintaient presque joyeusement sur le tissu. Le monde lui semblait moins flou, moins abstrait. Ils traversèrent ensemble la placette qui semblait celle d'une ville fantôme et au plus ils s'avançaient, au plus elle avait l'impression de discerner ce que l'inconnu avait baptisé un abri. Elle veillait du coin de l’œil à l'état de ce jeune homme, dont la respiration saccadée et difficile lui semblait inquiétante. Un instant, elle se demande ce qu'il lui avait pris de courir...Puis elle se rappela que l'être humain était imprévisible.
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Sephiel Aëristh

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MessageSujet: Re: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeDim 21 Aoû - 18:59


Il cligna des yeux pendant quelques secondes. Elle était assez lumineuse. Enfin ce n’était pas le mot précis pour décrire ce qu’il voyait. Ou plutôt comment il la voyait. Tout comme il avait cherché un petit moment ce petit coin de la ville d’où il pouvait peindre convenablement. En la regardant une nouvelle fois il se dit que c’était le genre de personne qu’il pourrait peindre plus d’un millier de fois avant de pouvoir s’en lasser.
« Les envies de l’être humain sont parfois mystérieuses » pensait-il en souriant légèrement derrière le rideau de pluie qui s’abattait devant eux.

Mais il devait tout de même avouer que la pluie diminuait au fur et à mesure qu’ils avançaient vers son petit abris qui du coup, n’en serait bientôt plus un, une fois que la pluie aurait cessé.

Sa respiration elle aussi s’adoucissait avec le temps, pour redevenir ce son inaudible et calme qu’il à d’habitude. Il avait sans trop savoir pourquoi toujours trouver les personnes à la respiration brillante agaçante. Bien sûr ce n’était pas le genre de choses auxquelles on pense normalement, ou même que l’on remarque. C’était peut-être parce que pour lui-même, il fallait être à moins d’un centimètre de son visage pour entendre le son de son expiration, ou de son inspiration.

De loin la scène pouvait intriguer, même si ce matin la personne ne voyait les deux jeunes gens marcher cote à cote. Leur différence de taille était saisissante. Alors que la première était plutôt petite par rapport aux femmes que l’on peut trouver généralement en Eresia, l’autre était carrément gigantesque. De loin on aurait juste pu croire à un père ramenant sa petite fille à la maison. Ce n’est qu’en s’approchant raisonnablement que l’on pouvait constater que la « petite fille » en question avait une taille tout à fait normal et que c’était son compagnon qui rendait la chose étrange. Néanmoins il portait une expression d’une extrême douceur tendit qu’il baissait les yeux pour la regarder.

Une fois arrivé sur place le garçon commença à ranger son matériel de peinture sans dire un mot. Il voulait lui laisser un peu de temps pour reprendre ses esprits si jamais elle en avait besoin. Il regarda ensuite sa toile et s’en approcha un peu et marmonna :

- J’imagine que ce sera à peu près sec dans un peu moins d’une demie heure…

Il alla ensuite s’assoir en invitant la jeune fille à en faire de même.

- Si vous le voulez-vous pouvez venir avec moi. Je suis dans une auberge non loin d’ici. J’ai l’impression que vous avez besoin de repos. Et puis, vous ne serez surement pas contre un petit repas. Avec un peu de chance, ils n’auront pas engloutit tout le petit déjeuné.. Je suis Séphiel Aëristh, étranger de voyage ici avec ma famille. Et vous ?

Il regarda ensuite le ciel devant lui avec ces mêmes yeux clairs et doux puis ajouta.

- La pluie cessera bientôt. Je vous conseil de la regarder mourir par là. Elle donnera naissance à quelque chose de plus beau j’en ai l’intuition !

Il pointait un endroit du ciel un peu sur leurs gauches.

Quelques minutes après la pluie s’arrêta de tomber effectivement, et comme il l’avait prédit à cet endroit-là un arc en ciel d’une beauté saisissante avait prit place. Il était un peu spécial, sa force et sa vigueur rendant beaucoup d’autres couleurs présentes ici terne. En passant du rouge aussi vif que le sang, au jaune rappelant la vigueur de certaines fleures jusqu’au vert pouvant rendre jaloux sans difficulté les émeraudes on pouvait dire que ce dernier était réussi.

On pouvait lire dans les yeux du peintre un mélange d’admiration et de jalousie.

- Même avec toutes mes couleurs, je crois que jamais je n’arriverais à reproduire quelque chose d’aussi beau. Disait-il avec douceur.

Il continua sa contemplation quelques instants puis eut un petit rire pour lui-même. Il se dit que finalement rien ne l’empêcherait un jour d’y arriver après tout « L’être humain est imprévisible » pensait-il en souriant.
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Mei Akutagawa

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MessageSujet: Re: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 2:00

Les deux silhouettes marchèrent côte à côte, décollant parfois de petites gerbes d'eau sous leurs pieds mouillés de pluie. Les gouttes semblaient cesser au fil de leurs pas. Ils devaient sembler bien étranges. Lui qui était si grand et si mince avait l'air de sortir de ces contes que racontent les paysans des plaines Chanrin à leurs enfants. Les arbres sont les gardiens de la nature et marchent la nuit pour arranger les dégâts de l'homme, pour tenter de remettre un peu d'ordre et de reprendre sa place. Peut-être qu'il était un arbre, un de ces esprits qui la nuit faisaient surgir du sol des jeunes plantes et les protégeaient de tout ce qui pouvaient les menacer ? Une humaine condamnée par la nature, ou une petite fille qui a trouvé son nouvel ami, voilà ce à quoi ils auraient ressemblé aux yeux de la grand-mère de Mei.

Elle repensa alors à la spontanéité de ce garçon. Il avait accouru pour lui proposer un parapluie. Il ne la connaissait pas, il ne savait rien d'elle, il avait juste aperçu une silhouette et s'était précipité à son encontre pour lui apporter un peu d'aide. Ces gestes simples et sans danger, qui ne coutent pas énormément et qui sont réellement appréciables, ces gestes amicaux et sans prétention n'avaient plus leur place dans ce monde qui se changeait trop vite en batailles. Combien de familles s'étaient déchirées entre elles ? Combien de voisins s'étaient tirés dans les pattes pour un coude de terrain ? Combien de fois l'homme avait-il prouvé qu'il était incapable de ne pas créer d'ennuis qui n'existaient pas à l'état de nature ? Son père, son vrai père, le lui avait dit un jour : le monde est laid parce que l'humain l'a dessiné à son image. Bien sûr, elle avait mis du temps à comprendre ce qu'avait voulu dire cet homme qui maniait la plume et l'esprit comme ses frères maniaient l'épée.

Ils arrivèrent sous l'abri et la jeune femme replia le parapluie qu'elle appuya contre le mur. Elle était dégoulinante de pluie, ses vêtements alourdis par l'eau et ses cheveux collés à sa peau. Elle devait faire honte à voir, mais elle n'avait pas vraiment eu le choix. La jeune yuen fit confiance à l'individu en ce qui concernait le temps. Il devait sans doute mieux le connaître qu'elle. Les plaines de Chanrin n'offraient pas ce genre de surprises, et ça n'était pas plus mal. Et puis elle se rendit compte qu'il avait parlé d'autre chose que le temps, mais ça n'était pas évident pour elle. Elle vit alors la toile qu'il tenait dans les mains mais ne parvint pas à en distinguer les détails. Pensant que c'était impoli de lui demander si elle pouvait regarder, elle ne dit rien et s'assit avec un léger sourire.

Sur le coup, elle ne comprit pas qui était ce "ils", puis la fin de sa déclaration l'aida. Il était donc avec une famille dans une auberge sans doute proche d'ici. Dans ces élans de bonté et malgré son air très fragile, on sentait une personne heureuse de vivre, tout simplement. Et qui voulait le faire partager. Sans doute que s'il voyageait avec sa famille, il était bien entouré et la jeune femme imaginait sans mal une joyeuse bande bien soudée et bienveillante. Ça se lisait dans son regard et son sourire. Il respirait la gentillesse qu'on avait dû lui apprendre.

"Je m'appelle Mei Akutagawa. Je viens des plaines de Chanrin, plus au nord. Et si vous pouvez réellement me trouver un logement pour la nuit, je vous en serai vraiment reconnaissante. J'avoue avoir déjà parcouru un bon moment les rues sans trouver une auberge."

Ses paroles la surprirent. Puis elle se souvint qu'il peignait. Les artistes, quels qu'ils soient, avaient une sensibilité au monde différente des autres hommes, Mei l'avait compris depuis longtemps. Ils avaient assez d'un poète dans la famille pour les rendre fous à toute heure du jour et de la nuit, mais elle devait avouer qu'elle avait vu des choses qu'elle n'aurait jamais vu si son père ne les lui avait pas désignées au bon moment. Elle se souviendrait toute sa vie d'un arbre mort qui se découpait sur le ciel d'un bleu profond sous les rayons d'une lune d'un blanc de nacre. Un arbre mort qui donnait l'impression de danser, courbant son corps dénudé et antédiluvien dans la lumière la plus pure qu'elle n'ait jamais vue.

Elle fixa donc cet endroit et ne fut pas déçue d'avoir suivi son conseil. Elle n'avait jamais vu un si beau serpent dans le ciel. Les couleurs si vives qui le striaient semblaient se détacher, comme si elle allait pouvoir les toucher du doigt si elle tendait le bras. Les jeux d'enfants à celui qui trouverait le pied de l'arc-en-ciel... Que de bons souvenirs à courir dans les hautes herbes fraiches en entendant leurs mères crier qu'ils allaient salir leurs vêtements et attraper la mort s'ils ne rentraient pas de suite. Le sourire qui illumina son visage n'avait rien à voir à ce qu'elle pouvait offrir d'ordinaire aux autres. C'était la tendresse qu'elle ressentait pour ces rares moments de joie pure et brute qu'elle avait vécus dans son enfance. Même si elle avait toujours été plus ou moins heureuse de toute petite.

"L'homme ne peut pas imiter la nature telle qu'elle est réellement, mais rien n'empêche son cœur de pouvoir montrer ce qu'il voit aux autres. Je suis sûre que nous n'avons pas vu la même chose et pourtant, nous sommes au même endroit au même moment." Elle laissa le silence planer un moment. "Il y a des choses tellement magnifiques que l'on se demande parfois si l'on est bien en train de les voir."

Son regard se reposa sur le grand jeune homme à côté d'elle. Ainsi, il venait d'ailleurs ? Elle se demandait bien d'où, mais elle aurait sans doute la réponse plus tard.

"Vous peignez ?"
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Sephiel Aëristh

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MessageSujet: Re: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeMer 14 Sep - 11:22


Le jeune ouvrit lentement les yeux, il avait eu un petit moment de faiblesse. L’espace de quelques instants. A peine une seconde, son esprit s’était éteint. Tout d’abord flou, les formes se précisèrent lentement.

« Ca m’arrive de plus en plus souvent.. La prochaine fois je ne me réveillerais peut-être pas ». Un sourire s’était dessiné sur son visage quand cette pensée lui était apparue.

Les deux jeunes étaient arrivé à l’auberge dans la mâtiné, le soir était tombé depuis bien longtemps. Il repensait à la manière dont les choses s’étaient passées. A peine était-elle arrivée que sa mère lui avait demandé de l’aide.

- Bonjour Mei. Tu m’aides à mettre la table, c’est bientôt l’heure du diner.

Sans même avoir besoin que son fils lui explique quoi que ce soit elle semblait avoir compris. Ou bien était-ce simplement sa manière de voir les choses. Elle lui parlait avec une simplicité rare, comme s’il s’agissait d’une amie de la famille de longue date.

Le repas avait été un peu arrosé et s’était déroulé agréablement. Les sujets fusaient de partout, que ce soit des techniques militaires ou bien d’autres choses tels que l’architecture original de ce pays.
Une fois le repas terminé Sarah Aëristh avait dit :

- Tu prendras la chambre voisine de celle de Shin, j’ai demandé à mes fils de la préparer tout à l’heure.

Pour elle s’était quelque chose qui allait de soi, pourtant Shin ne lui avait pas fait par de cette demande. Ou plutôt il ne l’avait pas fait parce que ça n’aurait servi à rien. Pour eux certaines choses n’avaient tout simplement pas besoin d’être dites.
C’est en la voyant qu’on pouvait comprendre d’où venait le caractère du tacticien.


Il repensa après à ce qu’il s’était passé encore un peu avant, juste avant qu’il ne la ramène chez lui. Il n’avait pas répondu à sa dernière question. Enfin, il s’était contenté d’un simple sourire en guise de réponse. Une expression qui valait bien plus qu’une quantité de mots. Avec délicatesse il avait enroulé sa toile puis s’était mis en route.

Sa vision était maintenant redevenue normal. Assis près de la fenêtre il regardait avec admiration le ciel étoilé. Encore un peu faible il prit un morceau de papier. A l’aide d’un fusain il tenta de reproduire ce spectacle.
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MessageSujet: Re: Quand la pluie cessera [Séphiel] [P]   Quand la pluie cessera [Séphiel] [P] Icon_minitimeJeu 22 Sep - 21:25

La soirée avait passé, lentement, au rythme d'une ville qui s'éveille après de longues pluies. Mei ne connaissait pas cette région et pourtant elle ne se sentait pas dépaysée. L'auberge était semblable aux maisons qu'elle avait déjà vues par le passé, les coutumes semblaient les mêmes aussi. Il n'y avait que la famille de ce jeune homme qui était complètement hors du temps. Du moins, c'était l'impression qu'elle en avait. Ils étaient tous très accueillants sans même savoir d'où elle venait. Ils l'étaient trop, même. Leur familiarité l'effrayait intérieurement. Elle était tellement gênée d'être là qu'elle avait presque envie de les remercier et de partir avant même d'avoir mangé. C'était bien beau de considérer les gens comme des amis de longue date en seulement cinq minutes, mais pour la jeune Yuen, c'était simplement louche, trop facile. Il n'y avait que Séphiel qui l'avait ramenée ici qui lui semblait différent. Lui il avait compris. Il savait comment se comporter avec les gens du coin et comment s'adapter à leur conception de la politesse.

A peine était-elle arrivée qu'elle s'était sentie agressée. Qu'on la tutoie en rajouta une couche. Ils ne s'étaient jamais vus et pour elle c'était une véritable marque d'irrespect. Peut-être que pour eux, c'était un signe d'amitié mais elle ne le prenait pas de la sorte. D'ordinaire simple, elle avait un seuil de tolérance quant à les heurts à ses coutumes. Ce qu'ils prenaient sans doute eux pour de la simplicité paraissait surfait et même une démonstration d'indifférence face à sa présence. Elle n'en montrait rien, mais elle n'en demeurait pas moins choquée. Et le pire, c'est qu'elle ne pouvait rien leur dire. A peine sur le seuil, elle avait compris que si elle ne repartait pas de suite, elle se sentirait prise au piège. Et elle avait entamé son mouvement de recul trop tard. Jamais elle n'aurait dû suivre ce jeune homme. Ou alors l'accompagner et ne pas entrer.

La suite fut un cauchemar pour elle. Se sentant encore plus exclue par leur familiarité grandissante, elle resta silencieuse et presque immobile comme une statue de porcelaine, se maudissant d'avoir passé le seuil de cette porte. Elle avait envie de fuir et de courir au-dehors. Non, cette ambiance aurait pu lui plaire mais ça n'était pas le cas. Ils essayaient de l'insérer dans toutes les conversations mais elle se refusait toujours à parler, adressant des sourires polis et répondant laconiquement pour que l'on cesse de s'intéresser à son cas. Même quand on parla de son propre pays, elle n'avait pas daigné donner un avis, se contentant d'un petit hochement de la tête. Tant qu'on ne lui parlait pas, elle ne décollait pas ses yeux de ses mains posées sur ses genoux. Ça pour sûr, ils devaient passer un agréable repas. C'était toujours ça de pris pour eux.

Et l'apothéose fut l'attribution de la chambre. Elle se mordit la langue pour ne pas lui faire une remarque sur son tutoiement rébarbatif, se bornant quant à elle à employer un "vous" simple et strict. Elle ne se sentait pas supérieure à ces gens, mais simplement trop différente pour une réelle cohabitation. Passer la nuit dans une maison remplie d'hommes, dans une chambre encadrée par deux autres occupées par des hommes, non. A ce stade-là de la soirée, elle préférait encore passer la nuit dehors avec Shûhei. Et elle redoutait leur réaction à tous. Sauf celle de Séphiel. Lui, elle savait qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur. Mais elle craignait une insistance vexée de la part de la maitresse de maison, aussi elle ferait mine d'aller voir si son cheval allait bien et repartirait discrètement. Il y aurait bien une auberge ou un coin abrité quelque part où elle pourrait passer la nuit sans ressentir une crise d'angoisse rien qu'à l'idée d'un deuxième repas avec cette famille. Elle fuyait la sienne, ce n'était pas pour en trouver une autre encore plus oppressante.

Mei était montée à l'étage comme si elle allait se coucher. Elle redoutait tellement une mauvaise réaction de leur part qu'elle se demandait même si elle n'allait pas tenir plus longtemps, mais si on lui proposait de rester une journée de plus, cela risquait d'être encore pire. Dans un autre sens, elle se sentait redevable et avait envie de rester auprès de ce jeune homme qui lui avait paru à la fois si sympathique et si touchant. Peut-être qu'elle avait exagéré dans ce sentiment et qu'elle devrait voir ces gens autrement. Mais elle n'y pouvait rien, elle se sentait oppressée par tout ce qui ressemblait de près ou de loin à une famille. Il y avait des mensonges et des faux semblants dans tous les recoins, du moins en était-elle persuadée.

Elle arriva à l'entrée de la chambre du jeune homme. Elle ne parlait pas souvent, pour ne pas dire jamais, on lui avait appris à se taire très tôt. Et au-delà de ça, elle ne se sentait pas à l'aise avec les mots. Peut-être qu'on ne lui avait pas assez parlé quand elle était enfant. La communication n'était pas le fort de ses parents. La jeune femme s'arrêta sur le seuil et s'immobilisa devant ce qu'elle vit. Il était là, simplement assis, un fusain à la main dont les doigts fins semblaient animés par une volonté propre et dissociable du reste de son corps. Elle observa sa silhouette fine et presque irréelle de par sa grande taille. Il avait l'air si fragile, comme les hommes d'argile que les paysans fabriquent à leurs enfants pour qu'ils jouent avec. Un tel homme dans la nature n'aurait pas survécu. Seul, aurait-il eu la force de continuer une vie qui semblait constamment tendue comme par deux fils. Il y avait quelque chose en lui qui lui donnait cette impression de manquer de tomber à chaque instant.

Et puis quelque chose la frappa. Ce jeune homme si fragile n'était pas seul. Il avait une famille qui le soutenait et qui l'aimait. Une famille qui ne le lâchait pas et qui le comprenait sans avoir pitié de lui. Ils se comportaient avec lui comme si de rien n'était et il n'y avait à aucun moment un rouage qui grinçait dans cette machine familiale en parfaite harmonie. Tout en se sentant trembler contre le chambranle de la porte, elle put mettre enfin un doigt sur cette sensation étrange qui lui nouait l'estomac depuis le début de la soirée. Elle était envieuse. Envieuse et triste. Profondément triste. Il avait la famille qu'elle aurait toujours voulu avoir. Ou peut-être pas. Elle n'avait jamais vraiment connu un modèle comme celui-ci avant qu'elle ne parte sur les routes, vers ses seize ans. Avant cela, elle se demandait si toutes les maisonnées étaient comme la sienne et si les auteurs n'inventaient pas les choses pour faire rêver les jeunes filles et leur donner envie de fonder un foyer. Pour cette raison, Mei avait refusé le mariage et refusait de donner son affection à un homme. Si c'était avoir des enfants pour les faire souffrir et leur mentir, être abandonnée pour leur avoir donné la vie, alors autant ne jamais avoir de famille.

Elle repensa à la soirée, à la mère de Séphiel puis à sa propre mère. Elle ne l'avait jamais vu sourire, ou très rarement. Et surtout jamais rire. Lui avait dû recevoir beaucoup d'affection. A elle, on ne lui avait passé que la main dans les cheveux et une fois seulement le mari de sa mère l'avait pris dans ses bras, celui de qui elle avait le plus voulu d'affection. Et de tous, elle se rendait compte en cet instant que c'était celui qui lui manquait le plus. Il avait souffert de leurs mensonges à tous, en silence, sans une fois faillir à son poste de gardien et sans la rejeter comme il avait sans doute eu envie de le faire.

Mei essuya les larmes qui avaient coulé en silence sur ses joues. Elle se sentait bête. Bête et vide. La jeune femme s'avança dans la chambre du jeune homme, s'approchant à pas de loup de lui. Elle ne voulait pas le surprendre, au contraire, mais elle ne voulait pas non plus le déranger. Elle s'agenouilla près de lui, les deux mains sur ses jambes et contempla toujours en silence ce qu'il faisait. Ses doigts habiles et légers créaient un univers bien à lui, un monde que seuls ses yeux voyaient et que pourtant il pouvait aussi montrer aux autres. Son père aussi avait une sensibilité exceptionnelle, et lui aussi la traduisait mais pas par le visuel. Il écrivait souvent tard le soir et sa silhouette se dessinait dans l'ombre sur la véranda surélevée. Cette fois, elle n'essuya pas ses yeux pour ne pas attirer l'attention dessus.

"C'est vraiment magnifique." Ce fut la seule phrase qu'elle put dire. Elle qui voulait partir, elle ne s'en trouvait plus la force, se sentant plus démunie qu'une enfant abandonnée sur la route.
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